Opinion Territoires
10H17 - lundi 6 octobre 2025

La châtaigne, nouveau fruit d’avenir du Cantal

 

La châtaigne, nouveau fruit d’avenir du Cantal

Elle tombe au sol dans un petit bruit sec, roulée sur les filets avant d’être transformée en farine, crème ou châtaignes au naturel. La scène se répète chaque automne dans la Châtaigneraie cantalienne et prend aujourd’hui une dimension nouvelle. Depuis juillet 2025, quarante-sept producteurs se sont fédérés au sein d’un syndicat des producteurs de châtaignes du Cantal. Ce geste collectif redonne à ce fruit une place que l’histoire lui avait réservée mais que l’économie avait reléguée à l’arrière-plan.

 

Une filière agricole en plein renouveau

Quarante-sept producteurs se sont fédérés depuis juillet 2025 dans un syndicat cantalien, première étape d’une structuration attendue (La Montagne, 2 octobre 2025). Mais autour d’eux gravitent bien d’autres acteurs : de petits producteurs isolés, des apiculteurs qui valorisent la châtaigne après la saison des ruches ou encore des propriétaires de vergers familiaux non syndiqués qui perpétuent une tradition ancienne (Réussir – Agriculture Massif Central, septembre 2025). Selon ces mêmes sources professionnelles, la production annuelle du département avoisine aujourd’hui la centaine de tonnes et pourrait atteindre 140 à 150 tonnes d’ici 2032. Cette dynamique repose sur des plantations récentes et la rénovation de vergers ainsi que sur la volonté de professionnaliser la filière, mutualiser les moyens et valoriser les produits dérivés. L’intégration au syndicat national et la participation aux rencontres européennes renforcent encore cette assise.

 

Un patrimoine vivant et identitaire

La châtaigne est un patrimoine vivant qui mêle biodiversité locale et mémoire partagée. Dans la Châtaigneraie cantalienne on rencontre une vingtaine de variétés locales dont Jan Fau, Savoia appelée aussi Savoie, Paqueta ou Paquette, Verdalaou Verdale, Tomiva ou Toumive et Marona dite La Marronne selon les présentations de la Maison de la Châtaigne et des « Sites remarquables du goût ». Ces dénominations illustrent un fonds variétal ancien qui s’est transmis de verger en verger et qu’il faut préserver. Fêtes de la bogue rallyes vergers marchés gourmands la châtaigne reste un puissant ferment de lien social dans le sud du département.

 

Entre mémoire et avenir

En unifiant leurs forces, les producteurs du Cantal ne cherchent pas seulement à vendre un produit. Ils affirment que la châtaigne est à la fois un fruit d’avenir et un bien patrimonial, un levier économique et un symbole culturel. Elle illustre ce que les territoires ruraux peuvent offrir : un ancrage dans l’histoire et une projection dans l’innovation.

Le Cantal se met donc à l’heure de la châtaigne. Dans un département qui cherche sans cesse à conjuguer tradition et modernité, la relance de la castanéiculture n’est pas anecdotique ; elle montre comment un fruit peut redonner sens et valeur à tout un territoire.

 

Thierry Gibert

Agé de 53 ans, Thierry Gibert vit à Aurillac dans le Cantal. Délégué Départemental de l’Éducation Nationale du Cantal, il est formateur « Valeurs de la République et Laïcité » en région Auvergne-Rhône-Alpes, responsable syndical départemental, président de l’association Union des famille laïques du pays d’Aurillac, fondateur du collectif citoyen En Avant Aurillac. Il s’exprime à titre personnel dans les colonnes d’Opinion Internationale.

 

Références

  • La Montagne, « La châtaigne du Cantal a de l’avenir », 2 octobre 2025.
  • Réussir – Agriculture Massif Central, « Comment le renouveau de la châtaigne commence à porter ses fruits », septembre 2025.
  • Maison de la Châtaigne de Mourjou, documentation variétale.
  • Sites remarquables du goût – Châtaigneraie cantalienne.
  • Chambre d’agriculture du Cantal, filière châtaigne.