La France accueille à partir d’aujourd’hui le Sommet mondial de l’IA co-organisé par la France et l’Inde. Certes, nous entrons de plain-pied dans un nouveau monde dont on ne connaît pas encore la géographie ni l’horizon qu’il nous réserve. Mais il est déjà acquis que les enjeux de sécurité des personnes, des biens, des territoires se trouvent déjà profondément bouleversés et réinventés par ce que nous appellerons la cyber-IA sécurité.
Dans ce monde en constante mutation, les États sont confrontés à des formes inédites de crimes et de délits. Qu’il s’agisse de cybercriminalité, de terrorisme, de crimes environnementaux ou de nouvelles pratiques illégales liées à l’évolution technologique, la protection des citoyens est un défi croissant.
La sécurité des personnes et des biens est une exigence sociale, la première des composantes de l’ordre public. Toutes les Déclarations des droits de l’homme, française, américaine, européenne, universelles nous le rappellent.
Ce droit à la sécurité est décliné sous de nombreuses formes : droit à la dignité de la personne, un droit à la solidarité. Ces droits reposent d’abord sur l’obligation pour la collectivité et donc les institutions publiques, de sécuriser les personnes et les biens d’une part, et de mettre les individus en situation de pourvoir à leurs besoins essentiels dans différents domaines (santé, éducation, travail ou encore logement), qui font partie des fonctions régaliennes de l’Etat.
Or nous sommes tous témoins de l’évolution en matière de sécurité publique, avec :
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l’augmentation de la criminalité violente (actes de violence, agressions dont celles à caractère raciste, antisémite, homophobe, homicides, émeutes, affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, actes de vandalisme) ;
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la criminalité organisée, incluant le trafic de drogues, d’armes et d’êtres humains, avec des réseaux mafieux, souvent transnationaux, qui continuent d’opérer sur le territoire français ;
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la menace terroriste.
Des chiffres qui sous-estiment la délinquance
Les chiffres publiés par le ministère de l’intérieur pour 2024 font état d’une hausse très modérée (de 1% contre 7% les années précédentes) des plaintes pour coups et blessures volontaires, mais une très forte hausse des infractions liées aux stupéfiants.
Ces chiffes méritent d’être pondérés.
En effet, ils sous-estiment l’ampleur de la délinquance et des violences sur le territoire, puisque de nombreuses personnes ne portent pas plainte aujourd’hui. Certains estiment que seulement 22 % de personnes ayant subi des violences physiques déposent plainte et 6% pour les violences sexuelles.
Dans les faits, le nombre de personnes mises en cause pour usage ou trafic de stupéfiants est en forte hausse depuis 2020, alors que la lutte contre le narcotrafic a été érigée comme une « priorité absolue » voire comme une « menace existentielle » du gouvernement. Nous disions dans un édito récent : « la drogue tue, le narcotrafic assassine ».
Le constat peut être appuyé par de nombreuses statistiques, mais la question de fond repose sur les solutions et les actions conduites ou à mener pour y remédier.
La lutte contre les nouvelles formes de crimes et de délits repose sur un État capable d’innover, de coopérer au niveau international et de trouver un équilibre entre protection des citoyens et respect des libertés individuelles. La clé semble résider dans une approche intégrée qui combine prévention, répression et éducation.
La protection du citoyen face aux nouvelles formes de crimes et de délits nécessite une approche intégrée et dynamique de la part des États. Elle implique une collaboration entre les différentes institutions, une adaptation continue des lois et des politiques, ainsi qu’une sensibilisation des citoyens. La lutte contre la criminalité moderne doit se faire dans le respect des droits et des libertés individuelles, garantissant ainsi une société juste et sécurisée.
Les liens entre la cybersécurité et la sécurité des personnes sont de plus en plus étroits, car les technologies numériques jouent un rôle central dans les infrastructures, les services publics et la vie quotidienne.
Dans notre monde hyperconnecté, les réseaux physiques et numériques jouent un rôle fondamental dans la sécurité des individus et des États. Les attentes des citoyens en matière de protection se heurtent à la nécessité de préserver les libertés fondamentales dans un contexte de transformation technologique rapide.
En effet, avec l’essor de la technologie, la délinquance s’est numérisée et nous observons une augmentation des actes de délinquance, tels que le vol de données personnelles, les escroqueries en ligne et le harcèlement numérique. Les menaces semblent croissantes en termes de cyberattaques – dont certaines seraient orchestrées par des États, souvent sous forme d’espionnage ou de sabotage -, de ransomwares – verrouillant les systèmes contre rançon – phishing – visant à tromper les utilisateurs. Des infrastructures critiques, telles que l’énergie, la santé et les transports, sont particulièrement ciblées.
En 2024, les fuites de données se sont enchaînées, touchant des millions de citoyens français et des infrastructures sensibles tels que les hôpitaux. Des opérations lancées par la Chine et la Russie ont également été repérées, confirmant le climat tendu dans le cyberespace dans lequel la France n’est évidemment pas la seule cible.
Les cybermenaces font partie intégrante de la vie numérique.
Pour s’en protéger, il est essentiel de bien comprendre la nature des attaques. À ce titre, l’ANSSI, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, publie chaque année un panorama annuel détaillant les grandes tendances de la menace cyber. Ce panorama permet d’évoquer les motivations des attaquants, leurs capacités et techniques offensives ou encore les types de vulnérabilité exploités. À l’heure où le potentiel de déstabilisation de la menace cyber s’accroît, ces informations ont une importance essentielle pour mettre en place des mesures de défense efficaces nécessaires pour protéger correctement un système d’information.
Ces défis de la sécurité et de la cybersécurité, en France et dans le monde, sont de grandes préoccupations. Les menaces deviennent de plus en plus sophistiquées, et la nécessité de renforcer la résilience des systèmes, d’améliorer la formation et de promouvoir la coopération internationale est plus pressante que jamais.
À mesure que les menaces évoluent, il est impératif que les gouvernements, les entreprises et les citoyens travaillent ensemble pour se préparer et se défendre contre ces défis. L’éducation, la sensibilisation et l’engagement collectif seront des éléments clés pour relever ces défis avec succès et créer un environnement numérique plus sûr et plus sécurisé.
De surcroît, l’intelligence artificielle est devenue un enjeu central de la rivalité technologique mondiale, dominée par les géants américains et chinois. Face à cette dynamique d’investissements très conséquents qui intensifie la concurrence entre eux, l’Europe et le reste du monde pourraient être confrontés à un double risque de décrochage technologique et de dépendance. La question des leviers à mobiliser pour renforcer une autonomie dans ce domaine stratégique et rééquilibrer les rapports de force est urgente, face à la domination des GAFAM et BATX. Ce sera sans nul doute l’un des enjeux du sommet mondial de l’IA que co-président le président de la République Emmanuel Macron et son homologue indien Narendra Modi.
Une heureuse initiative : 17Cyber
Le ministère de l’Intérieur a lancé en début d’année 17Cyber, une nouvelle plate-forme de lutte contre la cybercriminalité, l’équivalent numérique du 17, pour les victimes d’infractions numériques, notamment les entreprises. Ce service est accessible 24h/24 et 7j/7 et permet aux victimes d’obtenir des conseils immédiatement.
L’adaptation des lois face à la cybercriminalité est un processus continu qui nécessite une vigilance constante de la part des États. Cela implique non seulement des mises à jour législatives, mais aussi une collaboration internationale, une formation des forces de l’ordre et des efforts de sensibilisation auprès du public. L’objectif est de créer un cadre juridique qui protège les citoyens, tout en favorisant l’innovation et l’utilisation sécurisée des technologies numériques.
Michel Taube et Jean-Luc Scemama, Président du Cercle Avenir et Progrès (CAP), un Think Tank force de propositions sur les thématiques qui impactent la vie des Français dans leur quotidien et le vivre-ensemble.
INVITATION
Le Think Tank CAP (Cercle Avenir & Progrès) et Opinion Internationale, vous invitent à un débat mercredi 12 février, à la Mairie du 9ème, de 19 h à 21 h, sur le thème : « Sécurité des personnes et cyber sécurité – Quelles responsabilités pour les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens ? » avec les interventions de :
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Frédéric PECHENARD : Ancien Directeur général de la Police nationale, VP de la Région Ile de France, Conseiller de Paris en charge du lien Police-Nation,
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David ZNATI, Médiateur et Expert en Informatique et techniques associées, agréé par la Cour de cassation, Président d’honneur de la Compagnie des Experts Agréés,
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Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), Secrétaire national Défense Les Centristes,
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Gilbert METOUDI et Guy ALDEGUER, Co-animateurs du groupe de réflexion sur la sécurité de CAP,
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Jean-Luc SCEMAMA, Président du Cercle Avenir et Progrès (CAP),
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Michel TAUBE, Directeur d’Opinion Internationale.