
C’est donc un musulman qui a été le premier à tenter d’arrêter un autre musulman, alors que celui-ci était en train d’assassiner des innocents parce qu’ils étaient juifs. Ahmed al-Ahmed, devenu un héros mondial, a tenté de neutraliser Sajid Akram, qui, avec son fils Naveed Akram, semait la terreur et la mort sur la plage de Bondi, à Sydney.
Ahmed contre Sajid. Ce face-à-face, ce fait est majeur. Il n’est en rien anodin.
Car jamais la guerre contre le djihadisme islamiste ne sera gagnée sans un soulèvement intérieur venu de l’islam lui-même et des musulmans eux-mêmes. De la plage de Sydney aux banlieues françaises, des émirats du Golfe arabo-persique à Téhéran, c’est d’abord aux musulmans qu’il appartient de livrer cette bataille décisive. Une bataille morale, théologique, civilisationnelle.
Ahmed al-Ahmed est-il le symbole de ces musulmans paisibles, pacifiques, tolérants qui rejettent les Akram qui ont tué au nom d’Allah ?
Comme le judaïsme et le catholicisme l’ont connu en leur temps, l’islam est aujourd’hui confronté à l’épreuve la plus redoutable qui soit : celle de sa propre réforme. L’islam, tel qu’il est interprété et instrumentalisé par les islamistes, contient à la fois les arguments pour tuer des juifs, des chrétiens et des incroyants, pour soumettre les femmes, pour exclure de la citoyenneté les non-musulmans, mais aussi, ne l’oublions jamais, les ressources spirituelles pour cultiver la sagesse, le respect d’autrui, le goût du savoir et de la science, et, au bout du chemin, la sécularisation de sa propre doctrine.
Voilà le cœur du combat. Ahmed contre Sajid.
La tuerie de Sydney présente une autre singularité, glaçante. Comment un père a-t-il pu embrigader ainsi son propre fils, l’emmener dans une entreprise de mort quasi certaine, le conduire sciemment à sa perte ? Cette scène dit tout de la violence de l’endoctrinement djihadiste islamiste, de son emprise absolue sur les consciences, capable de pousser un homme à sacrifier son enfant sur l’autel de la haine. Elle dit aussi l’ampleur de la guerre sans merci à laquelle nous sommes collectivement confrontés, et à laquelle nul ne peut se soustraire.
L’antisémitisme est devenu une internationale. Un vecteur central de la terreur islamiste à l’échelle mondiale. Partout, la haine du juif précède et accompagne la haine de l’Occident, de la démocratie, de la liberté.
Tant que des musulmans tueront des innocents au nom d’Allah, le rejet de l’islam progressera inexorablement, et nous ne pourrons éviter une véritable guerre de civilisation contre l’islamisme. Le seul moyen de l’empêcher n’est ni le déni ni la complaisance, mais le courage. Le courage des musulmans eux-mêmes, capables de se lever, comme Ahmed al-Ahmed, par intuition morale, par sens de la justice, pour s’opposer frontalement à l’obscurantisme islamiste.
C’est là que tout se joue. Et c’est là que tout commence.
Michel Taube


















