Opinion Outre-Mer
12H29 - mardi 9 septembre 2025

Outre-mer : les récifs ont leur Palme

 
Outre-mer : les récifs ont leur Palme

Outre-mer : les récifs ont leur Palme

Préserver les récifs coralliens n’est pas qu’un slogan écologique, c’est une compétition. Depuis plus d’une décennie, l’Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens) distribue sa Palme, trophée qui distingue les projets les plus inventifs et les plus efficaces pour défendre coraux, herbiers marins et mangroves dans les Outre-mer. La 11e édition vient d’être lancée et tous les acteurs – collectivités, associations, entreprises, élus ou gestionnaires – sont invités à entrer dans l’arène.

Les candidats ont jusqu’au 3 octobre pour présenter leurs initiatives, qu’il s’agisse de programmes de restauration, de formations, d’outils de suivi scientifique ou de nouvelles règles de gestion des activités humaines. Les projets retenus passeront entre les mains d’un jury d’experts et les lauréats se verront remettre leur prix lors d’une cérémonie prévue fin novembre. Plus qu’un simple concours, la Palme Ifrecor est pensée comme un levier : valoriser les bonnes pratiques et favoriser leur duplication d’un territoire à l’autre.

En 2024, la Nouvelle-Calédonie avait brillé. Le parc naturel de la mer de Corail avait décroché la Palme « Récifs coralliens » grâce à l’extension massive des zones de haute protection adoptée l’année précédente. L’association SOS Mangroves s’était, elle, vue saluer pour son travail de restauration sur l’embouchure de la rivière La Coulée, au Mont-Dore. Deux distinctions qui avaient rappelé que les Outre-mer sont non seulement des espaces fragiles, mais aussi des laboratoires à ciel ouvert pour les solutions de demain.

Car les enjeux dépassent largement le cadre local. Les Outre-mer français abritent à eux seuls plus de 10 % des récifs coralliens mondiaux, répartis dans les trois océans. Ce patrimoine naturel leur confère une responsabilité internationale. Or, la pression est constante : réchauffement climatique, urbanisation galopante des littoraux, pratiques de pêche destructrices, multiplication des usages maritimes. L’Ifrecor insiste : la survie de ces écosystèmes n’est pas une option esthétique mais une urgence planétaire. Les récifs protègent les côtes, abritent une biodiversité exceptionnelle et participent à l’équilibre de l’océan.

La Palme, en récompensant les initiatives locales, cherche donc à transformer des expériences souvent isolées en références mondiales. Une idée simple : montrer que la lutte contre l’effondrement écologique n’est pas qu’une affaire de grands sommets internationaux, mais se joue aussi dans les villages côtiers, les associations de terrain, les services techniques des collectivités.

En clair, cette distinction veut rappeler que protéger un récif, c’est protéger bien plus qu’un décor de carte postale. C’est défendre une barrière naturelle contre les tempêtes, un garde-manger pour les communautés, un pilier invisible de l’équilibre climatique. L’Ifrecor compte sur cette nouvelle édition pour réveiller les ambitions et démontrer qu’entre Martinique, Polynésie ou Réunion, les solutions se partagent, s’adaptent et se propagent.

Dans la grande bataille environnementale, la Palme Ifrecor n’offre pas de tapis rouge mais un écho médiatique et institutionnel. Un trophée modeste face à l’ampleur des menaces, mais essentiel pour rappeler que l’Outre-mer français n’est pas seulement un joyau fragile : il est aussi en première ligne pour inventer les ripostes.

Patrice Clech