Edito
12H34 - lundi 8 décembre 2025

L’affaire Martine Kléber Rossilon : comment une héritière a pris en otage un propriétaire parisien

 
L'affaire Martine Kléber Rossilon : comment une héritière à pris en otage un propriétaire parisien

Dans le Paris huppé de la place de l’Alma, un propriétaire vit aujourd’hui un cauchemar kafkaïen. Ruiné, relégué dans une chambre de bonne de son propre immeuble, totalement démuni face à celle qui occupe toujours son appartement de 165 mètres carrés avec vue imprenable sur la capitale. Cette locataire, ce n’est pas n’importe qui. Martine Kléber Rossillon, héritière et cadre dirigeante du groupe Sofra, a transformé un banal bail de résidence secondaire en une mécanique implacable qui broie son propriétaire. Une mécanique qui dit beaucoup de la France d’aujourd’hui, où certains semblent assez puissants pour remodeler à leur profit les règles du droit.

Tout commence en 2024 par une location classique à 12 000 euros mensuels. L’appartement vient d’être rénové, l’état des lieux est impeccable. Pourtant, très vite, Martine Kléber Rossillon multiplie exigences, réclamations et pressions, allant jusqu’à faire financer par le propriétaire des interventions qui ne lui incombaient en rien. Puis survient un épisode plus troublant encore. Deux statuettes de Banksy appartenant au bailleur disparaissent. Elles figurent pourtant sur les images annexées à l’état des lieux. Elles ne seront jamais restituées malgré des relances insistantes. Un moyen de pression, soupçonne aujourd’hui le propriétaire, pour tenter d’obtenir une réduction de loyer. Un engrenage s’enclenche.

En décembre, les loyers cessent d’être payés intégralement. L’héritière décide unilatéralement de déduire ce qu’elle considère comme des frais engagés pour sa jouissance paisible. Une jouissance paisible qu’elle s’approprie au point de changer les serrures du logement sans l’accord du propriétaire, désormais physiquement empêché d’entrer chez lui. Les procédures de commandement de payer n’y changent rien. L’affaire prend alors un tour encore plus inquiétant. Les loyers partiels ne proviennent pas du compte personnel de Martine Kléber Rossillon, ni de celui de son époux, pourtant seuls signataires du bail. Les virements viennent de la société Sofra, entreprise sans aucun lien avec la location, dont l’héritière est dirigeante. Comment ne pas s’interroger sur l’utilisation de fonds privés ou sociaux pour financer une occupation litigieuse ?

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Pendant ce temps, Pierre Yves Chamla, le propriétaire, s’enfonce. Endetté, étranglé par les charges et les créanciers, il perd progressivement tout. Tandis qu’il déménage dans une chambre exiguë, son locataire prestigieux occupe toujours l’appartement, sans payer la totalité de ses obligations, avec près de 200 000 euros d’arriérés estimés. Comme dans une mauvaise fable française, celui qui possède devient celui qui subit. Celui qui loue devient celui qui commande.

À ce scandale juridique s’ajoute un autre. Martine Kléber Rossillon conteste désormais le congé de fin de bail et réclame que soit reconnue une résidence principale. Son objectif est clair. Bénéficier d’un loyer plafonné et gagner du temps en étouffant son adversaire. L’arme de la procédure à rallonge contre la faiblesse de celui qui ne peut plus suivre. La France de 2025 en somme. Une France où un simple propriétaire, pourtant dans son bon droit, peut se retrouver ruiné face à un locataire fortuné et juridiquement structuré. Une France où la protection du bailleur n’est plus un principe mais un souvenir. Une France où certains semblent considérer la loi comme un décor que l’on ajuste à sa convenance.

Dans cette affaire, il ne s’agit pas seulement d’un contentieux locatif. Il s’agit de l’une des dérives les plus préoccupantes de notre État de droit. Lorsque des héritiers puissants peuvent vivre gratuitement dans un appartement à 12 000 euros par mois en ruinant son propriétaire, lorsque des entreprises sont mêlées à des litiges privés, lorsque la force financière et procédurale remplace la justice, alors une question s’impose. Qui protège les propriétaires honnêtes, ceux qui ne disposent ni d’une fortune familiale ni d’une armée d’avocats ?

Si Pierre Yves Chamla ne peut plus vivre chez lui, si son appartement lui échappe pendant que d’autres y prospèrent, c’est que la bataille n’est plus seulement judiciaire. Elle est politique. Et elle révèle la lente glissade d’un pays où l’égalité devant la loi s’efface devant l’influence et les moyens de quelques uns. Tant que ce déséquilibre perdurera, tant que le droit ne sera pas rendu au plus faible, d’autres propriétaires connaîtront la même descente aux enfers. Et la République, silencieuse, laissera triompher ceux qui savent contourner les règles qu’ils ont pourtant signées.

 

La Rédaction

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