
Partout en France, les mêmes scènes se répètent : des heures d’attente aux urgences pour une entorse, une fièvre qui inquiète, une coupure qui aurait pu être recousue plus près, plus vite, sans saturer l’hôpital. Les Français le savent : accéder à un soin simple est devenu compliqué. Les soignants aussi le savent, eux qui tiennent debout un système sous tension. Et c’est dans ce contexte que les Centres de soins non programmés (CSNP), non financiarisés ou indépendants de groupes financiers apparaissent comme une réponse pragmatique, simple et efficace.
Ces centres ne sont pas là pour remplacer l’hôpital, ni pour déstabiliser les médecins traitants. Ils répondent à un besoin très concret : soigner rapidement les petites urgences du quotidien, celles qui représentent la majorité des passages aux urgences hospitalières… et qui les encombrent, les ralentissent parfois… Pourquoi continuer à mobiliser des équipes déjà épuisées pour des situations qui pourraient être prises en charge ailleurs, plus vite ?
Il existe deux types de CSNP. Ceux qui ne disposent pas de plateau technique apportent une première réponse utile, mais renvoient parfois vers l’hôpital faute d’examens possibles sur place. Et ceux qui, au contraire, disposent de radiologie et de biologie simples : ils permettent un diagnostic immédiat, évitent les allers-retours inutiles et soulagent vraiment les services d’urgences. Dans les territoires, cette différence fait toute la différence.
Mais au-delà des aspects techniques, c’est une autre réalité qu’il faut dire avec sérénité : les Français sont fatigués des débats qui opposent les professionnels entre eux. Ville contre hôpital, public contre privé, soignants contre administratifs… À force de diviser, on oublie l’essentiel : partout, les soignants partagent la même vocation. Ils soignent. Ils n’agissent jamais selon des critères politiques ou financiers, mais pour la santé de leurs patients. Et aujourd’hui, ils demandent simplement de pouvoir travailler dans un cadre plus simple, plus lisible, plus respectueux.
Oui, des efforts sont nécessaires pour améliorer le système. Les soignants en ont conscience. Mais ces efforts doivent être collectifs. Simplifier les structures et les procédures administratives, réduire les doublons, recentrer les moyens sur le soin direct : ce sont des signaux d’équité attendus par la population autant que par les professionnels. Quand les décisions seront prises avec eux et pour eux, et lorsque l’administration redeviendra un soutien plutôt qu’un frein, la confiance reviendra.
Les Centres de soins non programmés s’inscrivent dans cette logique de bon sens. Ils ne demandent ni nouvelles lourdeurs administratives, ni restructuration majeure : seulement un cadre clair, souple, et adapté aux besoins des territoires. Là où ils sont implantés, ils améliorent l’accès aux soins, soutiennent les hôpitaux et rendent le système plus fluide pour tout le monde.
Ce n’est pas une révolution. C’est une façon simple et moderne de répondre à des besoins que chacun vit au quotidien. À l’heure où les urgences quelquefois en sous effectifs, ou mal réparties sur le territoire saturent, où les patients peinent à trouver un rendez-vous, et où les soignants demandent de l’air, les CSNP peuvent être un point d’équilibre. Un outil de confiance. Une solution concrète, immédiatement opérationnelle, qui apaise au lieu d’opposer. Un lieu qui participe à l’effort de santé publique, à la protection de la santé et à la continuité des soins.
Il est temps de sortir des débats idéologiques et de regarder ce qui fonctionne. Faire confiance aux territoires, soutenir les initiatives de terrain, simplifier les règles : c’est ainsi que l’on pourra, ensemble, reconstruire un accès aux soins plus rapide, plus humain, plus efficace. Les Centres de soins non programmés ne régleront pas tout. Mais ils peuvent beaucoup. Et surtout, ils peuvent le faire dès maintenant.
Dr Pierre-André POUTOUT
Médecin

















