
Déboulonnez l’histoire en toute impunité, il n’en restera rien !
Et coupez l’île du reste du monde en occupant le tarmac du seul aéroport et vous repartirez blanchi !
Sept prévenus accusés d’intrusion sur la piste de l’aéroport Aimé-Césaire en octobre 2024, en plein cœur des émeutes contre la vie chère, ont été relaxés lundi 17 novembre par le tribunal correctionnel de Fort-de-France. La procureure avait requis six mois de prison avec sursis. Le parquet fera-t-il appel, tant le trouble à l’ordre public avait été dénoncé ?
Seconde sentence : le tribunal judiciaire de Fort-de-France a rendu le même jour sa décision dans le dossier des déboulonnages de trois statues, de Victor Schoelcher, Joséphine de Beauharnais et Pierre Belain d’Esnambuc. Sur onze militants poursuivis, seuls deux ont été déclarés coupables… mais dispensés de toute peine. Le parquet fera-t-il appel là aussi ?
On pensait que le départ du Palais de Justice de Fort-de-France de Clarisse Taron, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (elle avait dénoncé la France comme un Etat policier), où elle a officié comme procureur de la République de 2022 à fin 2024, permettrait de redonner à la justice pénale tous ses moyens d’action, de prévention et de punition. Bref de dissuasion.
Mais manifestement, surtout en première instance, des juges laxistes continuent à sévir en Martinique ! Et les deux jugements rendus le 17 novembre, choquent.
Les juges en ont-ils conscience ? Il y a des décisions qui ne punissent personne, mais qui abîment tout. En Martinique, la justice avec un petit j, vient d’envoyer un message très inquiétant : y casser vaut mieux que convaincre. Envahir vaut mieux que débattre.
Brûler, piller, bloquer, casser, envahir, dégrader… Ces actions qui relèvent de la délinquance organisée dans toutes les démocraties du monde deviennent en Martinique, une forme d’expression politique acceptable, grâce à la magie d’un tribunal.
Le problème n’est pas seulement juridique.
Il est moral. Il est symbolique. Il est civilisationnel.
La Martinique est une société fracturée, épuisée, déboussolée et la justice vient d’installer un nouveau principe terrible : la violence parle plus fort que la loi.
C’est une crise de sens. C’est même, pour la Martinique, une crise de valeurs inédite.
Au moment où la Martinique, comme le demandent tous les jours les Martiniquais en demandant à leurs élus des solutions concrètes à leurs problèmes, a besoin d’ordre, de repères, d’exigence : on lui offre la confusion. Au moment où la majorité silencieuse attend protection et stabilité, on récompense les minorités qui cassent pour exister. Au moment où l’on devrait exiger du courage politique, on applaudit les coups de masse et les invasions sur un site sensible.
Dans une Martinique rongée par le narcotrafic, la justice a offert à toute la délinquance un cadeau inespéré : la tolérance.
Nous sommes en train de fabriquer une génération convaincue que la violence et la haine ouvrent toutes les portes, et que la loi n’existe que pour ceux qui la respectent.
Si la justice renonce à dire le droit, alors qui le dira ?
La justice laisse un vide qui désoriente les Martiniquais.
Au fait, où en est l’instruction des centaines de plaintes déposées par des entrepreneurs et d’autres Martiniquais dont les biens et l’outil de travail ont été endommagés, parfois détruits, pendant les émeutes de l’automne 2024 ? Et les menaces de mort sur le préfet Bouvier, sur les maires, sur des entrepreneurs ?
En légitimant la violence, la justice fige la Martinique toute entière dans l’incompréhension et faire naître la peur d’un lendemain où le désordre pourrait devenir la norme.
Michel Taube




















