Edito
11H05 - jeudi 6 novembre 2025

Zohran Mamdani à Opinion Internationale : « Antisémitisme, islamophobie, haine des flics, pauvreté… Non, je serai le maire de tous les New-Yorkais »

 

Zohran Mamdani à Opinion Internationale : « Antisémitisme, islamophobie, haine des flics, pauvreté… Non, je serai le maire de tous les New-Yorkais »

Le jour de son élection à la tête de la mairie de New-York, dont il prendra les rênes le 1er janvier 2026, Zohran Mamdani a répondu à un pool restreint de journalistes dont Radouan Kourak, seul correspondant français, pour Opinion Internationale. Edito de la Rédaction et entretien exclusif ci-dessous… 

 

Monsieur Zohran Mamdani, face aux attaques de Donald Trump contre vous et ses menaces de coupes fédérales financières, quelle ligne tiendrez-vous ?
Je défendrai New York, y compris devant les tribunaux avec la gouverneure Hochul et la procureure générale Letitia James. Je rappellerai les droits des New-Yorkais, je serai fier de notre politique de « sanctuary city » et, si le président veut parler du coût de la vie, je suis « prêt à le faire à tout moment ».

 

Vous avez dénoncé des propos islamophobes dans la campagne, notamment ceux d’Andrew Cuomo. Que lui reprochez-vous exactement ?

Un ancien gouverneur est allé à la radio : l’animateur a dit que si un autre 11-Septembre survenait, je le « célébrerais ». Andrew Cuomo a ri et a acquiescé. Plusieurs jours ont passé, il ne s’est pas excusé. Ce ne sont pas « à mon sens » des propos islamophobes : ce sont des propos islamophobes.

 

Le vice-président JD Vance s’est moqué de votre tante qui, après le 11-Septembre, ne se sentait plus en sécurité en hijab dans le métro. Votre réaction ?
C’est tristement peu surprenant mais toujours choquant de voir le vice-président faire une « blague » bon marché sur l’islamophobie. Les New-Yorkais attendent un projet qui rassemble. Rassembler, c’est honorer chaque personne qui appelle cette ville sa maison, pas dresser les gens les uns contre les autres.

 

Plus de 1 000 rabbins ont signé une lettre critiquant votre rhétorique sur Israël. Que leur répondez-vous ?

J’ai apprécié les échanges avec des rabbins et des responsables juifs dans les cinq boroughs. Ils nourrissent ma compréhension de la lutte contre l’antisémitisme, qui est indispensable. Cela passe par plus de moyens pour prévenir les crimes de haine et par une éducation qui célèbre la richesse de la vie juive dans l’histoire de New York. Je veux être le maire de tous les New-Yorkais, et donc de tous les New-Yorkais juifs.

 

Sur la sécurité, vous avez évolué depuis 2020. Quelle est aujourd’hui votre doctrine ?
La police a un rôle critique. Je veux que les policiers fassent du travail de police, et que des équipes de santé mentale répondent aux appels de détresse adaptés. Je souhaite maintenir la commissaire Jessica Tisch et bâtir des ponts avec les agents. J’ai présenté des excuses pour des propos tenus en 2020. Je créerai un Département de la sécurité communautaire pour déployer des intervenants non armés sur certaines missions.

 

Votre agenda « pouvoir d’achat » à partir du 1er janvier 2026, : bus gratuits, plus de crèches, gel des loyers dans le parc stabilisé. Comment allez-vous payer ça ?
Par une hausse de 2 % de l’impôt sur le revenu pour le top 1 % (au-delà d’un million de dollars) et par un relèvement de l’impôt sur les sociétés à 11,5 %. Cela nécessite l’accord d(Albany [Ndlr : le gouvernement de l’État de New York], mais je continuerai à plaider ces mesures : elles rapporteraient environ 9 milliards de dollars et aideraient à « sécuriser » New York face aux menaces fédérales.

 

Et si la gouverneure de l’État de New York refuse toute hausse d’impôts ?
Je continuerai à faire la démonstration que, dans la ville la plus riche du pays, il est logique de financer ce qui rend la vie vivable. Mon expérience montre que des réformes progressistes sont faisables : nous avons lancé le premier pilote de bus gratuits à New York, avec des effets positifs sur la sécurité (baisse des agressions d’agents) et sur la congestion.

 

Logement : vous promettez un gel des loyers stabilisés et 200 000 nouveaux logements abordables en dix ans. Vous tiendrez vos engagemens ou est-ce des promesses de campagne pour être élu… mais décevoir demain ?
non nous serons déterminés et méthodiques : geler les loyers empêche l’éviction de ménages aux revenus modestes, tandis que nous accélérons la production. Il faut s’attaquer aux délais et à la complexité du foncier, adopter une approche ville entière pour fast-tracker les projets alignés avec nos objectifs et réduire des surcoûts évitables, par exemple via une meilleure coordination des travaux de concessionnaires (électricité, télécoms) pour ne pas faire exploser les budgets.

 

Vous parlez d’« excellence publique » et d’« abondance ». À quoi cela ressemble concrètement pour les New-Yorkais ?
À des services qui fonctionnent vite, bien, et à grande échelle : des bus rapides et gratuits, des crèches universelles, des loyers stabilisés gelés quand c’est nécessaire, des procédures d’urbanisme plus prévisibles, des expérimentations raisonnables comme un petit réseau d’épiceries publiques dans les déserts alimentaires. L’efficacité n’est pas une marotte de droite : c’est la condition pour que les biens publics tiennent leurs promesses.

 

Beaucoup vous caricaturent. Quelle est, selon vous, la plus grande idée reçue à votre sujet ?
Qu’en parlant d’accessibilité, je ne m’adresserais qu’à certains New-Yorkais. Mon agenda doit bénéficier à tous : locataires et propriétaires ; usagers des bus et ceux qui ne les prennent pas ; chaque quartier. Être maire, c’est gouverner pour l’ensemble de la ville, y compris pour celles et ceux qui n’ont pas voté pour vous.

 

Propos recueillis par Radouan Kourak

 

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