
New York n’est certes pas toute l’Amérique. Mais il y a des symboles qui dépassent leur périmètre électoral, des villes dont l’âme résonne avec l’histoire du monde. Que New York, métropole-monde, laboratoire idéologique permanent et miroir déformant de l’Occident, élise Zohran Mandani (un démocrate socialiste revendiqué, figure assumée de la mouvance woke) est bien plus qu’un épisode municipal. C’est un séisme politique et culturel.
Car Zohran Mamdani, qui a répondu aux questions d’Opinion Internationale, c’est la victoire d’une génération qui ne se contente plus de dénoncer, mais veut gouverner. C’est bien cette détermination que le nouveau maire de New-York a confié à quelques rédactions dont celle d’Opinion Internationale.
Une génération persuadée qu’au nom de l’égalité, il faut déconstruire, réécrire, renverser. Une génération pour laquelle la diversité est le principe premier, et la nation un concept suspect. Son ascension consacre la montée en puissance d’un progressisme identitaire, communautaire et radical, qui oppose systématiquement les dominés aux dominants, les « nouveaux Américains » aux « anciens », les marges au centre.
Face à cela, Donald Trump, qui règne encore à la Maison-Blanche, n’est pas seulement interpellé : il est défié. L’homme du retour à l’ordre, de la grandeur nationale, du patriotisme économique, se retrouve face à un adversaire idéologique parfait. Mandani n’est pas seulement un maire : il devient immédiatement l’anti-Trump absolu, la figure de proue d’une Amérique alternative, d’un wokisme galopant. Et la confrontation promet d’être totale.
Pourtant, il y a un paradoxe. Cette victoire éclatante dans New York, comme celles enregistrées en Virginie, dans le New Jersey ou en Californie, marque moins une renaissance démocrate qu’une bascule du Parti démocrate vers son aile la plus militante et la plus socialiste. C’est une bonne nouvelle tactique pour Trump : face à lui, le camp d’en face s’éloigne du centre, s’offre en repoussoir à des millions d’Américains lassés des excès idéologiques, de la police morale permanente et de la culpabilisation des classes moyennes.
Mais ce serait une erreur de croire que ce débat est américain. Le wokisme, sous toutes ses variantes (anticoloniale, racialiste, hypermorale, rééducatrice…) gagne du terrain en Europe. Il menace la France de la même manière qu’il fracture aujourd’hui l’Amérique. L’École, l’Université, les médias, les grands lieux culturels, sont devenus les terrains d’opération d’une bataille idéologique totale. Ici comme là-bas, deux visions de l’Occident s’affrontent : l’une attachée à l’héritage, aux racines, à la continuité historique ; l’autre persuadée que le monde ne peut renaître qu’en abolissant le passé.
La question n’est donc pas seulement « qui gouvernera New York ? » mais « qui gouvernera l’esprit de l’Occident ? ». Nous ne sommes pas loin d’une fracture civilisationnelle. Non pas une guerre de rue, du moins pas encore, mais une guerre culturelle, morale, symbolique, dont les élites, les universités et les mairies sont les avant-postes.
Nous combattons le wokisme, car il est une arme de dissolution du commun. Mais nous défendons la liberté, parce que rien n’est plus précieux. La question est donc simple : l’Amérique et l’Europe sauront-elles préserver la liberté sans sombrer dans le nihilisme identitaire ? Ou glisseront-elles vers une fragmentation sociale qui rendra impossible la nation elle-même ?
Il est encore temps de choisir. Mais peut-être plus pour longtemps.
Radouan Kourak et Michel Taube




















