
À Mayotte, le MEDEF supplie d’éteindre l’incendie social
Les barges qui relient Petite-Terre à Grande-Terre menacées de paralysie, des services publics à l’arrêt et l’électricité qui vacille au rythme d’un conflit interminable : à Mayotte, le climat social ressemble à une poudrière. Face à cette accumulation de grèves et de blocages, le MEDEF local sort de sa réserve. Dans un communiqué solennel, son président Fahardine Mohamed en appelle à la responsabilité de tous, suppliant que l’écoute et la concertation reprennent le dessus avant que l’économie insulaire ne s’effondre.
Les mots sont pesés mais fermes. L’organisation patronale dit reconnaître le droit de grève et la légitimité de certaines revendications, mais elle juge que les conséquences pour l’économie mahoraise et la vie quotidienne des habitants deviennent insoutenables. Les retards de production s’accumulent, les pertes financières s’amplifient et les investisseurs détournent le regard d’un territoire qui peine déjà à rassurer. Chaque jour de blocage, prévient le MEDEF, éloigne un peu plus Mayotte de ses perspectives de développement.
Le cas des services publics illustre cette mécanique délétère. À France Travail, où une grève illimitée a été déclenchée, la chaîne des procédures s’est brisée. Les organismes de formation n’ont plus leurs factures réglées, les stagiaires attendent des rémunérations vitales qui n’arrivent pas, et les dossiers s’empilent sans avancer. Employeurs et bénéficiaires s’enlisent dans une désorganisation qui devient structurelle.
Le tableau n’est guère plus rassurant côté énergie. Le conflit persistant à Électricité de Mayotte entraîne des coupures récurrentes qui frappent directement la production, la conservation alimentaire, les structures de santé et, par ricochet, l’ensemble du fonctionnement économique. Quant aux transports maritimes, le préavis de grève illimitée menace d’asphyxier encore davantage une île qui vit de ses liaisons quotidiennes.
Le MEDEF insiste : ces mobilisations se greffent sur une économie déjà affaiblie par une succession de crises. Retards, pertes et tensions sociales s’empilent comme des couches de fragilité supplémentaires. Si l’on n’y prend garde, alerte l’organisation, Mayotte risque de basculer dans une crise prolongée qui compromettrait son avenir économique et social.
Pour le patronat local, il ne s’agit pas de nier la colère des salariés, mais d’exiger que les secteurs vitaux – énergie, transports, emploi – ne soient pas pris en otage. L’organisation patronale appelle syndicats, directions et pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités, martelant que seule la voie du dialogue permettra de trouver des solutions durables. Le ton est grave, presque implorant : l’apaisement n’est plus une option mais une urgence.
À Mayotte, où chaque blocage se paye au prix fort, l’équation est implacable : chaque journée de conflit pèse sur les entreprises, désorganise la société et retarde la relance. Pour le MEDEF, il est temps que la spirale de grèves cède la place à l’action collective. Sans quoi l’île, déjà minée par tant de défis, risque de s’enfoncer un peu plus dans l’impasse.
Patrice Clech

















