Opinion Outre-Mer
13H22 - lundi 22 septembre 2025

La Réunion, Saint-Paul : l’ex-maire Alain Bénard condamné pour provocation à la discrimination

 
La Réunion, Saint-Paul - l’ex-maire Alain Bénard condamné pour provocation à la discrimination

La Réunion, Saint-Paul – l’ex-maire Alain Bénard condamné pour provocation à la discrimination

Absent du tribunal correctionnel de Saint-Denis pour cause d’hospitalisation en Thaïlande, Alain Bénard a été condamné ce vendredi à trois mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende. L’ancien maire de Saint-Paul, 69 ans, comparaissait pour provocation publique à la discrimination après un post publié le 15 mars sur son compte Facebook, visant explicitement les musulmans.

Le signalement avait été fait par Nazir Patel, président du Conseil régional du culte musulman de La Réunion. L’enquête de la gendarmerie a confirmé, via les réquisitions auprès d’Orange, que Bénard en était bien l’auteur. Lors de son audition, il avait reconnu les faits, évoquant un « manque de nuance » et affirmant vouloir cibler l’islamisme plutôt que l’islam. Problème : le parquet a établi que ce post n’était pas isolé et qu’il publiait régulièrement des messages similaires, parfois jusqu’à six par jour, tous dirigés contre la communauté musulmane.

À la barre, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le danger de tels propos. Le géographe Mario Serviable a insisté sur la fragilité du « vivre ensemble », Jean-René Dreizana a rappelé que dans une île aussi petite, « il n’y a pas d’autre alternative que de se comprendre », et Daniel Minienpoullé, du Groupe du dialogue interreligieux, a regretté l’absence du prévenu, qui aurait dû, selon lui, entendre directement la communauté musulmane.

Pour l’avocat des parties civiles, Sébastien Navarro, les publications de Bénard n’étaient rien d’autre qu’« un dégueuloir », une logorrhée en ligne menaçant la cohésion sociale. « Le vivre ensemble est un trésor mondial », a-t-il martelé, appelant la justice à le protéger. Son confrère Mihidoiri Ali a ajouté que La Réunion elle-même était « blessée » par ces attaques.

Le ministère public a dénoncé une « parole publique » utilisée comme une arme d’exclusion, appelant à « faire choc » au détriment d’une partie de la société. Il avait requis 5 000 euros d’amende, dont 1 000 avec sursis, ainsi que l’affichage du jugement pendant un mois.

La défense, assurée par Me Morgan Pouly, a plaidé la maladresse plus que l’intention, rappelant qu’un message d’excuses avait été publié le 14 septembre. L’avocat a contesté la portée publique des écrits, qu’il décrivait comme destinés à un cercle restreint d’abonnés. Argument balayé par le tribunal, qui a rappelé qu’un ancien élu, ex-enseignant d’histoire-géographie de surcroît, se devait d’être exemplaire.

La sanction est tombée : prison avec sursis et amende. Un verdict qui sonne comme un rappel à l’ordre pour celui qui, par son statut et sa notoriété, ne pouvait ignorer la portée de ses mots.

Patrice Clech

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