Opinion Outre-Mer
10H58 - mercredi 17 septembre 2025

Polynésie : le président Brotherson face au test budgétaire de mi-mandat

 
Polynésie : le président Brotherson face au test budgétaire de mi-mandat

Polynésie : le président Brotherson face au test budgétaire de mi-mandat

Le rendez-vous est fixé : jeudi, l’assemblée de la Polynésie française ouvre sa session budgétaire, l’occasion pour Moetai Brotherson de tracer les lignes du budget 2026 et de dresser un premier bilan de mi-mandat. Après avoir promis en 2023 une fiscalité « plus juste et plus équitable », le président arrive à la tribune lesté de dossiers brûlants, d’annonces attendues et d’une opinion qui commence à réclamer des résultats tangibles.

L’exécutif polynésien veut tourner la page des chantiers pharaoniques laissés par ses prédécesseurs, lycée de Moorea, Village tahitien, pour concentrer ses 164 milliards de francs sur des projets plus pragmatiques : réhabilitations, décentralisation, redynamisation du centre-ville de Papeete, développement du Port autonome. À cela s’ajoute une embellie côté emploi, qui amortit pour l’instant la hausse du coût de la vie. Mais les promesses sur le panier de courses, elles, restent suspendues aux réformes fiscales.

Sur ce terrain, les chantiers sont nombreux. La TVA à 1 %, censée profiter aux Tuamotu, Gambier et Australes, doit encore être sécurisée juridiquement. La réforme de la fiscalité hôtelière, reportée l’an dernier pour ménager Bora Bora et ses communes dépendantes de l’industrie touristique, revient sur la table. Et surtout, la Taxe de développement local (TDL) est promise à un lifting sévère : suppression des taux intermédiaires, resserrement sur quatre tranches (20, 35, 50 et 65 %), exclusion des produits alcoolisés de la liste protégée, et même un taux à 80 % pour soutenir des filières comme l’artisanat local. De quoi redistribuer les cartes, si tant est que les commerçants ne profitent pas de la réforme pour gonfler leurs marges.

Autre serpent de mer : les Produits de première nécessité (PPN). Voilà plus d’un an que le gouvernement promet une refonte, s’appuyant sur un rapport vieux de cinq ans de l’Autorité de la concurrence qui dénonçait un système inflationniste, source de produits médiocres vendus trop cher. La réforme se fait toujours attendre, mais Brotherson n’a plus le luxe du temps.

Au-delà des chiffres, le président devra répondre à d’autres inquiétudes. Les velléités des Marquises et des Raromatai de devenir des collectivités distinctes, les tāvana en quête de nouvelles compétences, les chantiers des Jeux du Pacifique, et surtout l’état alarmant du système de santé, entre dispensaires fermés, hôpitaux périphériques désertés et un CHPF stabilisé financièrement mais humainement exsangue. Le plan blanc a été frôlé, signe d’un secteur à bout de souffle.

La posture de Brotherson à la tribune ne sera pas seulement celle d’un gestionnaire. Elle sera scrutée comme celle d’un président qui, après avoir parlé d’égalité et de justice en reo tahiti, doit désormais transformer le verbe en actes. La population a vu passer la réforme du RNS, la fin de la primauté des régimes, l’instauration du prêt à taux zéro. Mais elle attend surtout que ces réformes se traduisent dans la vie quotidienne : prix du caddy, continuité des soins, perspectives de projets.

Un indicateur devrait d’ailleurs alerter le pouvoir : si le BTP embauche encore, les architectes débauchent. La construction vit sur des projets lancés hier, pendant que la conception peine à trouver ceux de demain. Pour Brotherson, ce budget ne sera pas seulement un exercice comptable. C’est l’examen de passage d’un milieu de mandat où les promesses devront enfin sortir du papier pour s’incarner dans la réalité.

 

Patrice Clech

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