
Nouvelle-Calédonie : le Sénat coutumier refuse tout nouveau report des provinciales
Alors que la majorité du Congrès s’était dite favorable à un décalage des élections provinciales à juin 2026, le Sénat coutumier a sifflé la fin de la récréation. Réuni lors du 25ᵉ congrès du pays kanak, l’institution a rendu un avis tranchant : pas question de repousser le scrutin au-delà du 30 novembre 2025. Pour ses membres, un troisième report successif ne serait rien de moins qu’un « détournement du droit électoral », une atteinte directe au principe démocratique de la périodicité des scrutins et une manière d’aggraver encore la crise politique et sociale qui secoue le territoire.
Dans un communiqué signé par son nouveau président Ludovic Boula, le Sénat coutumier insiste : maintenir l’échéance permettrait de clarifier la représentativité des forces politiques et de consolider la légitimité des négociations en cours. Tout report, au contraire, prolongerait l’« illégitimité des institutions actuelles » et constituerait, selon l’institution, une grave erreur politique.
Cette ligne rejoint celle du FLNKS, qui a rejeté l’accord de Bougival, et celle du député Emmanuel Tjibaou, opposé au report lors de son audition par la commission des lois du Sénat. Le maintien du scrutin fin 2025 apparaît, pour ces voix, comme un moyen de restaurer une légitimité démocratique sans laquelle aucune discussion politique crédible ne peut avancer.
Face à eux, les partisans du report avancent un autre calendrier : repousser les provinciales jusqu’en juin 2026 pour laisser le temps d’organiser la consultation prévue en février autour de l’accord de Bougival. Parmi eux, les signataires de cet accord hors FLNKS, mais aussi Manuel Valls, ministre des Outre-mer démissionnaire, qui plaide pour cette respiration politique.
L’avis du Sénat coutumier, même consultatif, pèse lourd dans un contexte déjà explosif. L’institution coutumière met en garde contre un effritement supplémentaire de la confiance des populations et rappelle que la démocratie se nourrit d’échéances respectées. Dans un climat où chaque décision est scrutée comme un geste de défiance ou de provocation, le calendrier électoral devient l’ultime baromètre de la crédibilité politique en Nouvelle-Calédonie.
Patrice Clech

















