Opinion Outre-Mer
11H02 - mercredi 17 septembre 2025

Mayotte : chaos scolaire au lycée de Sada, parents et profs exigent un changement

 
Mayotte : chaos scolaire au lycée de Sada, parents et profs exigent un changement

Mayotte : chaos scolaire au lycée de Sada, parents et profs exigent un changement

Au lycée de Sada, l’année a commencé dans un désordre qui frise la caricature. Trois semaines après la rentrée, les emplois du temps ressemblent davantage à des brouillons qu’à des outils d’organisation, au point de plomber sérieusement la scolarité de près de 2 800 élèves. Ce lundi matin, excédés, des parents ont bloqué l’accès de l’établissement, obligeant les bus à rebrousser chemin. Résultat : à peine une trentaine de lycéens ont franchi les grilles.

Ce n’était pas une première. Déjà vendredi, une mobilisation avait eu lieu. Dimanche, un appel à la grève circulait parmi les élèves sur les réseaux sociaux. Finalement, ce sont les parents qui ont pris le relais pour éviter des débordements, rejoints par des enseignants tout aussi exaspérés. Leur cible est claire : la direction et en particulier la proviseure, accusée de mauvaise gestion chronique depuis son arrivée il y a trois ans.

Les témoignages recueillis dressent un tableau accablant. Certains élèves ont été déplacés deux ou trois fois de classe, d’autres n’ont toujours pas de cours d’anglais ou d’espagnol. Dans une salle, un groupe de 52 élèves s’est retrouvé entassé avec sa professeure d’arabe, reléguée dans le réfectoire faute de solution. Ailleurs, des terminales n’ont aucune pause méridienne, avec des journées à rallonge six jours sur sept et des trous de quatre ou cinq heures au milieu. La pédagogie en prend un coup : difficile de noter des élèves ballotés de classe en classe ou de maintenir une continuité dans les matières absentes depuis la rentrée.

La colère s’exprime sans détour. Les parents dénoncent un manque de dialogue, une direction fermée à leurs préoccupations, et rappellent que ces dysfonctionnements seraient jugés intolérables dans l’Hexagone. « Le droit à l’éducation n’est pas respecté », résument-ils, estimant que leurs enfants sont sacrifiés par un système qui voit Mayotte comme un simple tremplin de carrière pour certains chefs d’établissement. La comparaison avec un club de football revient dans leurs arguments : quand l’équipe ne tourne pas, on change l’entraîneur. Alors pourquoi pas la proviseure ?

La rectrice, Valérie Debuchy, est venue sur place pour tenter de calmer les esprits, sans succès. Le rectorat promet désormais de nouveaux emplois du temps d’ici le 19 septembre et annonce la nomination d’un principal adjoint, enfin arrivé après des semaines de vacance du poste. Mais pour les parents comme pour les professeurs, la confiance est rompue. Ils veulent avant tout que leurs enfants aient des cours réguliers, complets, dans des conditions dignes d’un lycée. En attendant, le blocage et la colère continuent de donner le ton à Sada.

 

Patrice Clech

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