Opinion Outre-Mer
10H53 - vendredi 12 septembre 2025

Mayotte : budget sous perfusion, reconstruction fragile et débat explosif sur la souveraineté

 
Mayotte : budget sous perfusion, reconstruction fragile et débat explosif sur la souveraineté

Mayotte : budget sous perfusion, reconstruction fragile et débat explosif sur la souveraineté

L’hémicycle du Conseil départemental de Mayotte a vibré ce mercredi autour de trois sujets brûlants : les finances, la reconstruction et l’épineuse question du différend avec les Comores. Trois dossiers qui résument les dilemmes d’un territoire en quête d’équilibre, balloté entre urgences sociales et enjeux géopolitiques.

Première annonce : le contrat d’engagement financier signé avec l’État en 2023 est prolongé jusqu’en 2027. Résultat, une enveloppe annuelle de 100 millions d’euros sera maintenue, de quoi soulager un budget fragilisé par la chute des recettes fiscales et l’explosion des dépenses après le cyclone Chido. Le président Ben Issa Ousseni a salué un « budget équilibré » et un peu d’autofinancement dégagé pour investir, mais l’opposition dénonce une perfusion qui masque la dépendance structurelle de l’île.

Autre dossier : la stratégie quinquennale 2026-2031, censée décliner les 4 milliards promis par la loi de programmation pour la refondation de Mayotte. Si le plan a été validé, son flou inquiète. Comment répartir concrètement ces milliards, projet par projet, année après année ? Les élus réclament de la visibilité. L’opposant Soula Saïd-Souffou, lui, dénonce un plan hors-sol qui ignore les sinistrés privés de toit après Chido : « la seule solution proposée, c’est de faire un prêt, mais 84 % des Mahorais vivent sous le seuil de pauvreté ».

Enfin, le débat s’est tendu sur une motion du Mouvement pour le Développement de Mayotte (MDM) visant à saisir la Cour internationale de Justice. Objectif : clarifier la validité du traité de 1841 qui rattacha Mayotte à la France, face aux résolutions de l’ONU affirmant la souveraineté des Comores. Mais la majorité a refusé de soumettre la motion au vote. Pour Ben Issa Ousseni, le risque est trop grand : « et si la réponse n’était pas celle attendue ? ». Sa prudence se veut protectrice, mais Soula Saïd-Souffou accuse la majorité d’avoir « raté l’occasion d’être digne » et de laisser perdurer l’humiliation comorienne.

Derrière ce blocage se dessine un dilemme vertigineux : un avis de la CIJ pourrait consolider la position française et sécuriser l’avenir institutionnel, ou au contraire fragiliser Mayotte sur la scène internationale. En attendant, l’île reste suspendue entre l’urgence de reconstruire après Chido, le besoin vital de financements extérieurs et un horizon diplomatique incertain. Un triple défi que même 4 milliards d’euros ne suffiront pas à effacer.

Patrice Clech

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