
Saint-Denis : des enfants handicapés toujours sans accompagnement
À Saint-Denis, la rentrée a laissé un goût amer à de nombreuses familles. Derrière les sourires forcés de septembre, certains enfants en situation de handicap ont franchi la porte de l’école sans l’accompagnement pourtant reconnu comme vital par la MDPH. Faute d’AESH en nombre suffisant, ces élèves se retrouvent seuls face à des obstacles que l’institution s’était engagée à lever.
La Ville a choisi d’apporter son soutien au collectif « Les Enfants Invisibles 974 », qui dénonce ce décalage insupportable entre les notifications officielles et la réalité des classes. Dans un communiqué, la municipalité rappelle que l’enjeu touche à un principe fondamental : l’égalité d’accès à l’éducation. Une promesse républicaine qui, en l’état, ressemble davantage à un slogan qu’à une réalité.
Au cœur des tensions, une absurdité administrative : la pause méridienne. Ce temps peut désormais être couvert par un AESH, mais il est alors déduit des heures en classe. Les familles se retrouvent face à un choix impossible : privilégier l’inclusion sociale ou l’inclusion scolaire. Pour la Ville, ce compromis est « inacceptable » et témoigne d’un système qui organise lui-même ses propres contradictions.
Les AESH eux-mêmes ne sortent pas indemnes de cette mécanique défaillante. Embauchés dans des conditions précaires, avec des temps fragmentés et des salaires bas, ils peinent à assurer une mission exigeante qui repose sur la constance et la confiance. Comment bâtir une relation éducative solide avec des enfants vulnérables quand les accompagnants eux-mêmes sont traités comme des variables d’ajustement ?
À Saint-Denis, la colère monte car le décalage entre les discours sur « l’école inclusive » et la réalité vécue devient insoutenable. Derrière chaque absence d’AESH, il y a un enfant privé de ses chances, une famille condamnée à compenser, une collectivité contrainte de constater l’impuissance du système.
En appelant à des solutions concrètes, la municipalité met la pression sur l’État : il ne s’agit plus d’enchaîner les promesses, mais de rendre effectif un droit qui ne devrait jamais être négociable. Car l’inclusion scolaire n’est pas un supplément d’âme. C’est le socle même de l’égalité.
Patrice Clech

















