
Océan Indien : la traque des pêcheurs illégaux prend de l’ampleur
Dans l’océan Indien, les filets ne ramènent pas que du poisson. Depuis quinze ans, le Plan Régional de Surveillance des Pêches (PRSP), financé en partie par l’Union européenne, s’emploie à resserrer l’étau autour des navires qui jouent avec les règles. Les derniers chiffres donnent la mesure de l’effort : 723 bateaux contrôlés en mer, 137 infractions relevées, 21 navires déroutés vers les ports pour vérification. Du ciel, 41 missions aériennes ont permis de scruter 545 embarcations supplémentaires.
La surveillance ne se limite pas aux jumelles des garde-côtes. Les satellites, eux aussi, participent à la chasse : plus de huit millions de données ont été échangées entre les États de la zone pour suivre les positions des navires. L’opération ne se contente pas de traquer, elle forme aussi : 240 inspecteurs et 49 observateurs ont été entraînés à manier ces nouveaux outils. En tout, 65 patrouilles régionales ont sillonné les eaux, dont une douzaine dans le cadre du programme ECOFISH, et plusieurs missions appuyées par la Région Réunion via INTERREG V.
Fin août, Maurice a accueilli le comité de pilotage du PRSP. Une manière de dresser le bilan mais surtout de préparer l’avenir. Car la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée ne peut reposer uniquement sur des campagnes ponctuelles. La volonté affichée est de créer un Centre régional de coordination pour le suivi, le contrôle et l’observation des pêches. Un outil pérenne, censé prolonger et amplifier les acquis du plan.
Edgard Razafindravahy, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, l’a résumé sans détour : l’ambition est de maintenir dans le temps ce qui fonctionne déjà et d’ancrer une coopération régionale devenue indispensable. Dans une zone où la pression sur les ressources halieutiques s’accroît et où les flottes industrielles croisent sans scrupules, le PRSP a prouvé son utilité. Reste désormais à transformer cette mécanique financée et coordonnée de l’extérieur en un véritable outil local, stable et durable.
Dans ce théâtre maritime où se jouent à la fois la sécurité alimentaire et l’équilibre économique de plusieurs pays, la traque des pêcheurs hors-la-loi n’est pas un détail technique. C’est une condition de survie. Et dans l’océan Indien, la partie n’est pas prête de se terminer.
Patrice Clech

















