Opinion Outre-Mer
12H42 - mardi 9 septembre 2025

Nouvelle-Calédonie : Valls plaide pour Bougival contre l’enlisement

 
Nouvelle-Calédonie : Valls plaide pour Bougival contre l’enlisement

Nouvelle-Calédonie : Valls plaide pour Bougival contre l’enlisement

Manuel Valls refuse l’idée d’un statu quo en Nouvelle-Calédonie. Dans une tribune, le ministre des outre-mer défend l’accord de Bougival, qu’il présente comme la seule porte de sortie face à une impasse politique devenue dangereuse. Rejeter ce texte, affirme-t-il, reviendrait à plonger l’archipel dans une instabilité institutionnelle et sociale durable.

L’ancien premier ministre reconnaît la nécessité du dialogue avec le FLNKS, mais insiste : rien ne peut rester bloqué au nom d’une unanimité introuvable. Le mouvement indépendantiste, rappelle-t-il, s’est recomposé après les violences de mai 2024. Le départ du Palika et de l’Union progressiste en Mélanésie a ouvert la voie à une pluralité de sensibilités, preuve qu’aucune organisation ne détient seule la clé de l’avenir kanak. Valls souligne le rôle constructif de l’Union nationale pour l’indépendance, qui défend une ligne de compromis loin de la logique du tout ou rien.

L’accord de Bougival, signé par toutes les parties, ne se résume pas à des concessions symboliques. Il prévoit la création d’un État de Nouvelle-Calédonie doté d’une loi fondamentale, d’une nationalité propre et de compétences en relations internationales. Le texte trace également la possibilité d’un transfert de souveraineté, mais selon des mécanismes destinés à éviter un basculement décidé par une majorité trop étroite. Pour Valls, il s’agit moins d’endiguer la décolonisation que de garantir qu’elle s’accomplisse, si elle doit avoir lieu, dans des conditions stables et incontestables.

L’ancien projet dit de Deva, qui envisageait une souveraineté avec la France, est évoqué comme un exemple de piste abandonnée. Rejeté par les Loyalistes et le Rassemblement, il avait pourtant séduit une partie du FLNKS avant que ce dernier ne revienne à une revendication d’indépendance nette avant 2027. Valls insiste : contrairement à Deva, Bougival a abouti à un accord signé, fruit d’un compromis inédit.

Il met en garde contre les risques d’un refus : une jeunesse privée de repères, une économie fragilisée, un climat politique incertain. L’histoire, rappelle-t-il, a déjà montré que les accords fondateurs de Matignon ou de Nouméa n’avaient pas obtenu l’unanimité, mais qu’ils avaient fini par s’imposer dans les urnes et dans les faits.

Pour Valls, l’État doit garantir un chemin viable et pacifique, mais les acteurs locaux, FLNKS compris, doivent eux aussi clarifier leurs positions et proposer des alternatives réalistes. L’accord de Bougival, juge-t-il, reste une opportunité historique à saisir, surtout à un moment où l’instabilité nationale pourrait détourner Paris de la complexité calédonienne. La Nouvelle-Calédonie, conclut-il, « mérite mieux que l’impasse prolongée » et doit avancer.

Patrice Clech