
Mayotte : Valls en terrain miné pour sa dernière tournée
Hier matin, Manuel Valls a foulé une nouvelle fois le sol mahorais, sans illusion sur la chaleur de l’accueil. Sur la place de la République à Mamoudzou, ce ne sont pas des partisans qui l’attendaient mais des manifestants armés de banderoles et de drapeaux multicolores. Le ministre de l’Outre-mer, fragilisé comme l’ensemble du gouvernement à quelques jours du vote de confiance du 8 septembre, s’est trouvé immédiatement plongé dans les revendications : reconstruction après le cyclone Chido, hausse de l’indexation, justice sociale.
Pour sa cinquième visite à Mayotte, il a choisi de débuter par un symbole sécuritaire : une rencontre avec 120 policiers récemment recrutés. Ces renforts, mobilisés après le cyclone et lors des tensions de l’hiver dernier, incarnent la volonté affichée de garantir la paix civile, priorité déjà réaffirmée lors du Comité interministériel des outre-mer en juillet. Valls a salué leur « mobilisation exceptionnelle », insistant sur la nécessité de poursuivre les recrutements d’ici la fin de l’année.
Le dossier des déchets a ensuite dominé une partie du programme. Dans la zone-tampon des Badamiers, à Dzaoudzi-Labattoir, le ministre a constaté des progrès mais aussi des lacunes persistantes. « Il reste encore beaucoup à faire », a-t-il admis, rappelant que la loi de la refondation prévoyait près de sept millions d’euros pour la gestion des ordures, complétés par des fonds européens et une exonération de la TGAP jusqu’en 2030. De quoi donner un peu d’air aux collectivités, même si la réalité sur le terrain reste loin de l’affichage budgétaire.
La rentrée scolaire, survenue une semaine plus tôt, lui a offert un autre aperçu des difficultés. À l’école primaire d’Hagnoundrou, il a découvert des bâtiments toujours marqués par Chido et un système de rotation imposé aux élèves, faute de classes disponibles. L’image résumait le défi : des moyens promis, des travaux à venir, mais un quotidien qui reste marqué par les séquelles du cyclone.
En soirée, le président du conseil départemental Ben Issa Ousséni n’a pas manqué de lui rappeler l’ampleur des besoins lors de leur entretien. Le ministre, qui devait enchaîner ce mardi des rencontres avec les acteurs économiques et politiques avant de repartir pour Paris, a poursuivi sa visite dans une ambiance où l’urgence sociale et les attentes populaires pesaient plus que jamais.
À Mayotte, son déplacement a sonné comme une tournée crépusculaire : une mission de terrain doublée d’un baroud d’honneur, alors que son avenir ministériel pourrait se jouer dans quelques jours à l’Assemblée nationale.
Patrice Clech

















