
Il a suffi d’un mois pour graver un avertissement climatique dans les mémoires. En août 2025, la Martinique a transpiré sous deux vagues de chaleur d’une intensité inédite. Entre le 7 et le 14, puis du 17 au 24, l’île a suffoqué, avant de voir le mercure exploser tous les repères le 22 août au Lamentin : 37 °C, un record absolu.
Les chiffres sont implacables. Sur l’ensemble du mois, les températures se sont maintenues à plus de 4 °C au-dessus des normales saisonnières. Trois journées d’août 2025 sont désormais inscrites parmi les plus chaudes jamais enregistrées sur l’île. Plus troublant encore, sept des dix journées les plus brûlantes de l’histoire récente ont été relevées au cours des deux dernières années. Autrement dit, le phénomène s’accélère.
Mais au-delà des statistiques, c’est le ressenti qui a marqué la population. L’air saturé d’humidité, combiné à des alizés quasi inexistants, a fait grimper l’indice de confort thermique à des niveaux critiques. Pour les enfants, les personnes âgées ou fragiles, certaines journées sont devenues insupportables, voire dangereuses. Dans les rues, les témoignages de fatigue, d’étouffement et d’irritabilité se sont multipliés.
Fort-de-France et Saint-Joseph n’ont pas échappé à la fournaise, avec des relevés dépassant 35 °C et des records tombés pour un mois d’août. À l’échelle de l’île, cette impression de chaleur constante a rendu la période étouffante. Le moindre déplacement devenait une épreuve, et les nuits, rarement propices au repos, n’offraient plus le répit attendu.
Les climatologues, eux, y voient une confirmation des projections annoncées depuis des années. Ces épisodes ne sont plus des anomalies isolées mais des jalons d’un climat qui se transforme à grande vitesse dans les Caraïbes. Plus fréquentes, plus longues, plus intenses, les vagues de chaleur annoncent un avenir où la gestion de la santé publique et des infrastructures devra s’adapter en urgence.
Août 2025 restera donc comme un marqueur : celui d’une bascule où le thermomètre ne se contente plus d’indiquer la météo du jour, mais annonce la trajectoire d’un territoire exposé de plein fouet au réchauffement climatique.
Patrice Clech

















