
L’austérité oui, mais pour les dépenses publiques, pas pour les Français !
François Bayrou, devenu Premier ministre par défaut après la dissolution et la chute du Gouvernement Barnier, s’était promis de restaurer la confiance et de donner un cap. Mais son premier budget, présenté comme celui de la « vérité », ressemble surtout à celui du reniement.
Reniement d’abord vis-à-vis des Français, à qui l’on demande une fois de plus de « se serrer la ceinture ». Mais qui, exactement, doit se serrer la ceinture ? Comment peut-on ne serait-ce que verbaliser cette phrase abjecte ? Gageons que cet élément de langage, « les retraités doivent se serrer la ceinture », restera comme le triste marqueur du mandat de François Bayrou.
Les ménages français sont déjà étranglés par une pression fiscale record, ils souffrent d’une baisse de leur pouvoir d’achat, d’une croissance économique très faible, d’une hausse des faillites et du chômage, tout cela dans un environnement international chaotique. Est-ce vraiment aux Français de « se serrer la ceinture » ? ou bien à l’État, obèse et toujours incapable de se bouger et de vraiment se réformer ?
La réponse de Bayrou est pourtant claire dans ce mauvais Budget : l’austérité pour les familles, pas pour l’administration. On gèle bien le budget de la plupart des administrations et ministères, mais on ne coupe toujours pas franchement dans les dépenses publiques !
Or, ce qu’il faut aujourd’hui, c’est précisément l’inverse que ce que propose ce Budget : augmenter le pouvoir d’achat des Français par une baisse nette des impôts et des charges sociales.
Il faut que les Français qui travaillent ou ont travaillé gagnent plus, et parallèlement imposer enfin une austérité réelle à l’État, en réduisant des dépenses publiques qui atteignent des niveaux impossibles et en diminuant notre dette abyssale qui menace notre souveraineté même.
Il faut réduire les dépenses de l’Etat de 100 milliards d’euros très rapidement, et dans le même temps réduire les prélèvements sur les ménages et sur les entreprises.
Les idées ne manquent pas pour couper ces dépenses, de la simplification administrative à l’aplatissement du millefeuille territorial, du couplage de la carte vitale avec la carte d’identité ou la carte de séjour à la lutte contre la fraude sociale, de l’optimisation du fonctionnement de toutes les administrations par l’IA à l’amélioration de l’efficacité de France Travail, de la suppression des normes inutiles à la suppression des ZAN, Zéro artificialisation nette, de la relance d’une réelle politique du logement, l’angle mort de toutes les politiques sous Macron,à la suppression de l’IFI, de la lutte contre le narcotrafic à la suppression des aides sociales pour les délinquants, de la mise en place d’une immigration choisie à la fin de toutes aides sociales pour les résidents illégaux, etc…
Il est temps d’assumer une réelle cure d’austérité pour l’État, pas pour les Français.Quand un malade est obèse, il risque un AVC et sa vie, ne pas lui proposer un régime drastique et une thérapie relève de la non-assistance à personne en danger !
Mais la faillite du gouvernement Bayrou ne se limite pas au budget. Elle est aussi politique, stratégique, morale.
François Bayrou devait proposer un cap, nous l’attendons toujours. Il devait tourner la page Macron, après la déroute créée par la dissolution ratée, il était censé être le garant de l’indépendance et de l’équilibre : il s’est effacé devant le président Macron. Sur tous les grands sujets, il s’est tu ou a reculé :
Au tennis, dans un match en double, la tactique la plus payante est souvent de viser plein centre, entre les deux joueurs adverses qui espèrent chacun que l’autre renverra la balle…C’est exactement ce que font nos adversaires : ils visent l’espace entre Macron et Bayrou, entre les domaines dits réservés au Président et ceux du Gouvernement, et cela marche, ils marquent des points à chaque fois !
Au Rugby, et Bayrou soutient l’équipe de Pau, les bonnes équipes bottent en touche pour mieux occuper le terrain, les mauvaises pour se débarrasser du ballon et ne pas avoir à prendre en main le jeu…
Ce silence, ces reculs, ces mauvais choix, ces mauvais éléments de langage, ces renoncements, dessinent une rentrée impossible. Un budget injuste, une diplomatie brouillonne, une République fragilisée : tel est le lourd bilan de ce gouvernement Bayrou, déjà en sursis.
Mi-septembre, la France pourrait connaître une convergence des luttes : la lutte des syndicats contre les mesures du gouvernement, la lutte des gauchistes et des anarchistes pour tenter de prendre le pouvoir par la rue, la lutte des islamistes qui pensent que notre civilisation est à bout de souffle, la lutte des narcotrafiquants et des racailles qui rêvent d’un état dans l’état façon Amérique Centrale, tout cela face à l’exaspération des retraités et des classes moyennes qui en ont marre de payer pour les autres.
Bayrou et son Gouvernement ne résisteront pas à ce tsunami, ni même à la première petite vague.
Il est encore temps de changer de cap. Mais pour cela, il faudra autre chose qu’un Premier ministre qui botte en touche. Il faudra une vision, du courage, réellement, dans les actes et pas seulement dans les mots, et une conviction : celle que la France ne peut retrouver la confiance qu’en libérant les énergies de ses citoyens, pas en les asphyxiant.
Il est temps de préparer une suite véritablement républicaine à cette parenthèse !
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).



















