
En mars dernier, Manuel Valls, « premier » ministre des Outre-mer, est venu aux Antilles. Il rencontra à Fort-de-France les leaders insurrectionnels du RPPRAC*, oublia d’aller sur le terain au-devant des entrepreneurs dont l’outil de travail avait été détruit par les amis du RPPRAC à l’automne 2024 et annonça pour l’automne 2025 une loi contre la vie chère…
Hier c’était au tour de Bruno Retailleau de se rendre en Martinique. Le ministre de l’Intérieur n’a pas oublié, lui, d’aller rencontrer des commerçants : au centre de Fort-de-France, là même où un triple homicide avait semé l’effroi en mai dernier, il a longuement échangé avec des commerçants qui se plaignent des conséquences sur leur chiffre d’affaires du climat d’insécurité et de terreur entretenu par le narcotrafric, le trafic d’armes et les règlements de comptes qui n’en finissent plus.

Ainsi, Thierry d’Abadie de Lurbe, président, et Maryse Dubern, administratrice, de l’association des commerçants « Fort de France – Cœur de Martinique » ont réclamé à Bruno Retailleau sécurité, éloignement et accompagnement des errants, lutte contre les armes et la drogue qui circulent dans leur quartier.
Valls, Retailleau : deux visites en Martinique, deux visions des Outre-mer.
Or le projet de loi qu’avait annoncé Manuel Valls sur la vie chère arrive au Sénat dès septembre. La Chambre haute votera-t-elle le texte le 30 septembre prochain ? Rien n’est moins sûr.
Posons une petite question : que pense Bruno Retailleau, le président libéral conservateur de LR, du projet de loi socialiste et bureaucratique contre la vie chère de son collègue de gouvernement Manuel Valls ?
L’enjeu d’insécurité de la loi Valls
On ne le dit pas assez : la loi sur la vie chère soulève un défi sécuritaire. Certes, plus il y aura de pauvreté et plus le terreau de la délinquance et du narcotrafic prospèrera. Mais surtout, ce qui risque aussi de déchaîner la violence, ce sont les promesses mensongères, les vaines mesures, les faux espoirs que des lois comme celle sur la vie chère, en ne réglant rien aux fins de mois des Ultramarins, vont susciter parmi la population qui se serre la ceinture.
Bruno Retailleau se félicite-t-il de ce que la loi Valls, et les propos répétés du ministre des Outre-mer, soit une arme pointée dans le dos des distributeurs et des entrepreneneurs de Martinique ? Une loi tellement inefficace qu’elle profitera aux plus gros acteurs économiques censés pourtant être muselés par cette loi, laquelle fera souffrir les commerçants que rencontrait justement Bruno Retailleau dans le centre de Fort-de-France.
Bref nous vivons une séquence politique déroutante : d’un côté, Manuel Valls veut administrer l’économie par la contrainte, les normes et la suspicion, avec une loi décriée par le monde patronal et les élus centristes et de droite comme un faux remède contre la vie chère. De l’autre, Bruno Retailleau croit au contraire dans l’intelligence du marché, dans la responsabilité des entrepreneurs et dans la nécessité de libérer plutôt que d’entraver les forces économiques locales.
Le nouveau président de LR a présidé pendant dix ans le groupe LR au Sénat. 130 sénateurs sont membres de LR. Combien voteront fin septembre une loi socialiste qui rendra la vie plus chère dans les Outre-mer ?
Michel Taube

*Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, vient d’être condamné à un an d’assignation à résidence et inéligibilité à la suite de l’agression commise sur l’ancien préfet de Martinique Jean-Christophe Bouvier.



















