Edito
23H06 - vendredi 22 août 2025

Avant sa visite en Guadeloupe, le député Olivier Serva met en garde Bruno Retailleau : « Pas de politique nationale sur notre dos »

 

Alors que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau doit entamer samedi sa visite officielle en Guadeloupe, le député de la première circonscription, Olivier Serva (LIOT), a tenu à fixer le cadre. Il confie à Opinion International que pour lui il ne s’agit pas d’un déplacement symbolique ni d’une tribune nationale, mais d’un moment crucial pour obtenir enfin des moyens concrets contre le narcotrafic et l’insécurité qui gangrènent l’île.

« Nous ne voulons pas que le ministre vienne dire des petites phrases pour flatter son électorat d’extrême droite en France et faire sa politique nationale ici chez nous, sur notre dos », prévient le député. Car selon lui, la situation est connue et dramatique : les armes, la drogue et des migrants clandestins arrivent par bateaux en provenance de la Dominique, profitant des failles dans la surveillance maritime.

Serva insiste : « Nous n’avons rien contre nos frères et sœurs de la Dominique, mais il ne faut pas qu’ils fassent chez nous ce qu’ils n’accepteraient pas que nous fassions chez eux. » Pour faire face, il réclame l’installation de trois radars côtiers – un investissement estimé à 1,2 million d’euros – afin de pouvoir identifier les embarcations entrant et sortant, notamment du côté de Marie-Galante, de Capesterre et de Basse-Terre, zones où les effectifs douaniers restent dérisoires.

Le député refuse aussi que la chaîne de commandement reste centralisée en Martinique : « Les décisions doivent être prises en Guadeloupe, directement. » Il plaide par ailleurs pour un renforcement de la coopération en matière de renseignement entre les îles de la Caraïbe afin d’anticiper la délinquance, mais aussi pour une meilleure coordination entre douanes, gendarmerie, police et polices municipales.

Olivier Serva se fait l’écho des alertes lancées localement : « J’ai vu le procureur de Guadeloupe et celui de Guyane quasiment les larmes aux yeux, me disant que nous sommes en train de perdre la bataille contre le narcotrafic. » Dans ce contexte, il appelle l’État à prendre ses responsabilités, estimant que la jeunesse guadeloupéenne est sacrifiée au quotidien. Sa demande est claire : que la visite de Bruno Retailleau débouche sur des engagements fermes et non sur de simples déclarations de circonstance.