
Du grand Donald Trump. La réunion qui vient de se tenir à la Maison-Blanche entre le président américain et huit dirigeants européens restera dans les annales.
Jamais, depuis le début de la guerre en Ukraine, un tel dispositif n’avait été mis en scène. Et Trump, fidèle à son style, s’y est présenté comme un président sur un nuage, débordant d’optimisme – un optimisme très américain, peut-être excessif, que Vladimir Poutine pourrait rapidement ramener à la raison.
Trump l’a dit sans détour : il se donne une à deux semaines pour organiser un sommet trilatéral, – ou plutôt quadrilatéral comme l’a souligné Emmanuel Macron -, puisqu’il faudra compter avec les Européens.
Autour de la table, l’ambition est immense, presque irréaliste, mais elle s’appuie sur une clé désormais clairement affichée : les garanties de sécurité. Si elles sont définies de manière crédible et concertée entre les États-Unis et l’Europe, et qu’elles apparaissent suffisamment solides, Zelensky ne pourra refuser les concessions que Trump veut lui imposer. Mais reste l’inconnue majeure : Poutine acceptera-t-il de suivre cette voie ? Rien n’est moins sûr.
Les déclarations de chacun des acteurs résument l’enjeu. Trump a répété que les États-Unis « seront impliqués » dans la sécurité future de l’Ukraine et a affirmé que Poutine était prêt à discuter de garanties. Zelensky, de son côté, a reconnu avoir eu sa « meilleure » conversation avec Trump, admettant que l’avenir de son pays dépend en grande partie de Washington. Macron, plus prudent, a rappelé l’urgence d’un cessez-le-feu et plaidé pour une réunion quadrilatérale afin de replacer la sécurité européenne au cœur du dispositif. Friedrich Merz a jugé la rencontre « utile », tout en avertissant que les étapes à venir seraient « les plus compliquées ». Ursula von der Leyen a insisté sur les garanties de sécurité et exigé que la question des enfants ukrainiens déportés soit une priorité.
Optimisme flamboyant côté américain, réalisme inquiet côté européen : c’est tout le contraste de cette rencontre. Trump a même évoqué une aide de 300 à 350 milliards de dollars pour l’Ukraine, un chiffre aussitôt contesté par les observateurs, qui y voient une exagération typiquement trumpienne. La vérité est que la paix n’a jamais semblé à la fois si proche et si lointaine. Car si l’optimisme à l’américaine est un moteur puissant pour avancer, il ne suffit pas toujours à obtenir une paix durable. L’histoire récente nous l’a assez appris. Mais une chose est sûre : ce processus enclenché à Washington, c’est déjà une révolution diplomatique.
Et dans deux semaines, Trump nous en offrira peut-être l’apothéose avec la rencontre entre Poutine et Zelensky…
Michel Taube




















