Opinion Outre-Mer
12H02 - dimanche 17 août 2025

Bougival : la République en pièces détachées ? La chronique d’un enfant de Césaire

 

Bougival : la République en pièces détachées ? La chronique d’un enfant de Césaire

Manuel Valls se rend en Nouvelle-Calédonie où il arrivera mardi 19 août au soir pour tenter de sauver le processus qui devait aboutir à la concrétisation du projet d’accord de Bougival.

Opinion internationale, dont le directeur de la publication est favorable à cet accord, notamment parce que les loyalistes et les indépendantistes modérés de Nouvelle-Calédonie l’ont signé initialement, publie plusieurs contributions qui mettent en lumière les inquiétudes que l’accord suscite dans les autres territoires des Outre-mer, apportant un éclairage qui doit faire réfléchir sur le jeu de dominos institutionnel qui pourrait fragiliser l’ensemble de la République française si nous n’y prenons garde.

  

 

 

Serait-il plus facile d’être Français que Calédonien ?

C’est l’un des paradoxes les plus frappants de l’accord signé à Bougival en juillet 2025 : il sera bientôt plus simple de devenir Français… que Calédonien.

Là où la nationalité française repose encore, dans ses grandes lignes, sur le droit du sol et le droit du sang, la future nationalité calédonienne — créée de toutes pièces par ce nouvel accord — sera attribuée selon des critères bien plus restrictifs : ancienneté de résidence (10 ou 15 ans), filiation, mariage long avec un Calédonien, ou appartenance au corps électoral provincial verrouillé depuis des décennies.

Autrement dit, un enfant né à Nouméa de parents métropolitains n’aura pas automatiquement droit à cette nationalité. Un citoyen français résidant depuis 14 ans en Nouvelle-Calédonie… non plus. Le Calédonien devient une catégorie fermée, ethno-territoriale, presque tribale.

C’est là tout le danger de cette dérive : au nom du “destin commun”, on érige des murs. Au nom de la reconnaissance des identités, on fabrique une citoyenneté, à plusieurs vitesses. La République, elle, se voulait ouverte, universelle — et c’est précisément ce que l’accord de Bougival est en train de déconstruire.

On invente une nationalité régionale plus exigeante que la nationalité française elle-même.

Un précédent dangereux, qui pose une question simple : dans quelle République vit-on encore, quand être “Calédonien” devient plus complexe qu’être Français ? Celle d’une France qui sacrifie l’unité nationale au nom du compromis local, qui troque l’universalisme républicain contre la paix fragile des arrangements territoriaux. La République devient un puzzle, où chaque pièce choisit sa propre règle du jeu.

 

La loi du plus fort

L’accord de Bougival, aujourd’hui très fragilisé, est le fruit du séisme social, économique et politique de l’année 2024 auquel l’Etat se soumet plutôt que de l’affronter.

Alors qu’on attendait un grand ministre des Outre-mer, on constate avec effroi que là où la violence a frappé et imposé sa terreur et bientôt sa loi, en Nouvelle-Calédonie et en Martinique, le ministre d’Etat a obtempéré et cédé à des injonctions autonomistes et anti-françaises.

Il suffira donc, demain, de bloquer un port, d’incendier des commerces, de semer la peur et le chaos pour imposer un rapport bilatéral avec l’État ? Pourquoi pas aussi la Seine-Saint-Denis ou les quartiers “tenus” par des logiques communautaires ? Un jour, des élus locaux issus de populations immigrées pourraient très bien exiger leur propre citoyenneté, leur drapeau, leur droit à la différenciation légale. L’argument sera simple : « si les Calédoniens ont eu droit à ça, pourquoi pas nous ? »

Avec cet accord de Bougival, l’État ne fixe plus de règles communes : il négocie avec les plus bruyants, les plus radicaux.

 

Vers les « Nations de France »

Bougival ouvre une boîte de Pandore : Cette nationalité calédonienne au sein de la République paraît folle, et pourtant, Macron l’a fait. Sous prétexte de compromis et de paix sociale, Emmanuel Macron et Manuel Valls engagent la France sur un chemin inédit : celui d’une fragmentation, où chaque territoire pourra bientôt réclamer sa propre nationalité, ses institutions spécifiques, son code électoral, ses symboles.

Vivons-nous encore dans une République « une et indivisible » ? Ou déjà dans une mosaïque de peuples aux droits et aux statuts différents ? Ce sont les “Nations de France” qu’on veut nous imposer, concept nouveau, jamais voté, jamais débattu, mais prochainement installé dans le paysage institutionnel.

La Nouvelle-Calédonie ouvre la voie. D’autres suivent déjà : Corse, Guyane, Martinique. Bientôt la Bretagne ? Et demain, ce n’est plus la France qui gouvernera, mais des Frances qui négocient entre elles, sous l’arbitrage d’un État devenu médiateur plutôt que garant de l’unité

L’histoire retiendra peut-être que la République française a été la première au monde à créer une nationalité parallèle en son propre sein.

 

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