Edito
17H57 - vendredi 15 août 2025

Palestine, Taïwan : la diplomatie à géométrie variable de Macron. La chronique de Patrick Pilcer

 

Palestine, Taïwan : La diplomatie à géométrie variable de Macron. La chronique de Patrick Pilcer

Emmanuel Macron a annoncé qu’il reconnaîtra, lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU, un État palestinien. Un État qui, rappelons-le, n’existe pas sur le plan concret : pas de frontières reconnues, pas de territoire défini, pas de population permanente, pas de gouvernement effectif sur son territoire, pas de gouvernance digne des standards internationaux – sauf à considérer le Hamas comme un gouvernement légitime –, et aucune garantie de coexistence pacifique avec ses voisins.

La définition même d’un État, au sens du droit international, repose sur ces trois piliers : un territoire délimité, une population stable, et un gouvernement capable d’exercer son autorité. La Palestine actuelle, morcelée entre un Hamas islamiste à Gaza et une Autorité palestinienne corrompue et impuissante en Cisjordanie, ne remplit aucun de ces critères.

Et pourtant, Macron s’empresse de lui donner une reconnaissance qui n’aura, au mieux, aucun effet positif sur la paix, et au pire, récompensera la violence et le terrorisme. Il suffit d’entendre la satisfaction des barbares du Hamas. C’est sûr, en 2032, les barbares voteront Macron
Le tout en foulant au pied ses propres « conditions » énoncées en juin : libération des otages israéliens, désarmement du Hamas, réforme profonde de l’Autorité palestinienne… Rien de tout cela n’a été obtenu, malheureusement pour les otages israéliens comme pour le peuple de Gaza, otage des barbares qu’il a porté au pouvoir.

Pendant ce temps, à l’autre bout du monde, Taïwan coche toutes les cases de l’État souverain.
Une République démocratique, 24 millions d’habitants, des frontières claires, un gouvernement élu, une économie dynamique, une monnaie, une armée, et surtout, un respect scrupuleux de l’État de droit et des libertés publiques. Taïwan n’a jamais menacé ses voisins, n’appelle pas à leur destruction, ne finance pas de groupes terroristes et ne tire pas de roquettes sur les villes d’autrui.

Mais Taïwan n’est toujours pas reconnu officiellement par la France.

Pourquoi ? Parce que Pékin hausse le ton. Parce que l’argent chinois pèse. Parce que notre diplomatie se plie aux oukases d’un régime autoritaire qui, lui, ne cache même plus son projet d’annexer Taïwan par la force. D’ailleurs seuls douze états ont eu le courage de reconnaître Taïwan.

Ce paradoxe est intenable. Comment expliquer aux Français – et au monde – que l’on reconnaît comme État une entité qui ne remplit aucun critère, qui est dirigée en partie par une organisation terroriste, tout en refusant ce statut à une démocratie accomplie, prospère et pacifique ?
Comment défendre que l’on « protège le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » en fermant les yeux sur celui de Taïwan ?

La vérité est simple : ce n’est pas une question de droit, ni de morale, ni de paix.
C’est une question de calcul politique, de complaisance envers certains régimes, et de cette fameuse « diplomatie des bons sentiments » qui se transforme, trop souvent, en diplomatie des renoncements. Une peur aussi. Une soumission peut-être. Quand on se soumet, quand on a peur, peut-on prétendre incarner une grande puissance ?

Macron est devenu deux fois impuissant, impuissant sur la scène intérieure, avec sa dissolution ratée, impuissant sur la scène internationale…

Que dire également aux populations kanaks en Nouvelle-Calédonie ? Ne sommes-nous pas des colons en Kanaky ? Que dire aux Corses indépendantistes, aux Guyanais, aux Guadeloupéens ? Que nous avons deux poids deux mesures ? Faut-il qu’il prenne des otages ou fasse des attentats ? Si nous gardons la Nouvelle Calédonie pour des raisons militaires ou de position stratégique, pourquoi le refuse-t-on aux autres ?

Si la France veut rester crédible, elle doit appliquer les mêmes principes à tous.
Reconnaître la Palestine aujourd’hui, dans les conditions actuelles, c’est valider le terrorisme comme stratégie politique. Refuser Taïwan, c’est tourner le dos à une démocratie menacée.
Dans les deux cas, c’est un renoncement à ce qui devrait être notre boussole : la cohérence, le courage, et la défense des valeurs qui font la République.

Et si, au lieu de flatter les dictatures et les extrémistes, nous faisions le choix de la constance et de l’honneur ?

Macron a sombré, c’est au gouvernement de reprendre en main la gouvernance du pays. N’attendons pas 2027 !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers