Opinion Outre-Mer
09H00 - mercredi 13 août 2025

Tombe profanée à Nouméa : le caveau de Jacques Lafleur visé

 

Tombe profanée à Nouméa : le caveau de Jacques Lafleur visé

À Nouméa, un geste sordide a visé l’un des symboles politiques les plus marquants de la Nouvelle-Calédonie. La tombe de Jacques Lafleur, figure du camp loyaliste, a été souillée au cimetière du 4e Km. L’affaire a aussitôt déclenché une enquête pour violation de sépulture, un délit qui, selon le code pénal, peut valoir jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, avec un risque de sanctions aggravées si la motivation est liée à l’origine ou aux convictions du défunt.

Lundi après-midi, la scène a choqué ceux qui l’ont découverte. Un t-shirt blanc, barré des mots « Jésus, the way, the truth », pendait au poteau gauche du caveau. Au pied de ce même poteau, des excréments, probablement humains, avaient été déposés. Des gestes à la fois grotesques et violents sur le plan symbolique, qui ont provoqué un mélange de colère et de stupeur. Les enquêteurs de la police technique et scientifique ont immédiatement procédé à des prélèvements, désormais en cours d’analyse.

Le procureur de la République, Yves Dupas, a condamné des « faits intolérables portant gravement atteinte à la dignité humaine », rappelant la gravité pénale de ce type d’atteinte. Selon le parquet, ces actes ne sont pas de simples dégradations matérielles : ils touchent à la mémoire et au respect dus aux morts, un principe que la loi protège fermement. L’enquête vise à déterminer qui est derrière ce geste et quelles en étaient les motivations.

Dans les prochaines étapes, les policiers entendent recueillir le témoignage de la famille de Jacques Lafleur, même si ses proches, pour l’instant, préfèrent garder le silence. Le retentissement de cette affaire dépasse la simple actualité judiciaire : il touche à la mémoire collective d’un territoire où le nom de Jacques Lafleur reste associé à de houleux débats sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

Pendant plus de deux décennies, Jacques Lafleur a été la voix la plus puissante du camp loyaliste. Grand patron devenu chef de parti, il a mené sans relâche le combat pour maintenir l’archipel dans la République française. Négociateur redouté mais capable de tendre la main, il fut l’un des artisans des accords de Matignon en 1988, puis de l’accord de Nouméa dix ans plus tard. Dans un territoire secoué par les tensions entre indépendantistes et non-indépendantistes, son nom reste indissociable des compromis qui ont permis d’éviter l’embrasement. Pour ses partisans, il était un rempart; pour ses opposants, un adversaire coriace. Né en 1932 et décédé en 2010, des inimitiés ont-elles subsisté jusqu’à aujourd’hui ?

 

Patrice Clech

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