
Sargasses : un recours collectif pour faire payer l’inaction
Depuis qu’elles s’échouent par tonnes sur les plages antillaises, les sargasses ont transformé le quotidien des habitants en cauchemar. Douze ans après les premiers échouages massifs, aucune réponse structurelle n’a été apportée. Odeurs toxiques, problèmes respiratoires, chutes d’activité touristique, fermetures de commerces : les effets de ces algues brunes ne sont plus seulement une nuisance, mais un scandale sanitaire et économique à ciel ouvert. Face à ce constat d’impuissance publique, un cabinet d’avocats lance une contre-offensive judiciaire.
Le cabinet Excell Avocats vient d’ouvrir une campagne d’inscription à un vaste recours collectif destiné aux victimes, particuliers comme professionnels, pour obtenir réparation. Et cette fois, la démarche est calibrée : les particuliers peuvent espérer jusqu’à 15 000 euros d’indemnisation. Pour les entreprises, ce sera plus encore, en fonction des préjudices économiques démontrés : perte de chiffre d’affaires, clients en fuite, matériel endommagé, arrêt d’activité.
Derrière cette action groupée, une volonté claire : faire bouger l’État et les collectivités. Car au-delà du volet indemnitaire, le recours entend contraindre les autorités à sortir de leur inertie. « Empoisonnement quotidien », « dégradation de la qualité de vie », « mise en danger de la santé publique » : les termes employés par les avocats sont lourds, à la hauteur du préjudice subi depuis plus d’une décennie.
Le duo en charge du dossier n’en est pas à son coup d’essai. Maître Alik Labejof Lordinot et Maître Tifany de La Poix de Fréminville sont engagés depuis plusieurs années dans des dossiers environnementaux en Outre-mer. Leur objectif : que cette action serve à la fois de levier juridique et de coup de semonce politique, pour que les sargasses cessent enfin d’être une fatalité.
Les victimes désireuses de se joindre au recours peuvent s’inscrire via le site du cabinet. Pour de nombreux habitants de Guadeloupe, Martinique, Guyane et des îles voisines, c’est peut-être l’occasion d’obtenir justice après des années de silences étouffants.
Patrice Clech

















