Opinion Outre-Mer
12H29 - jeudi 7 août 2025

Mayotte : un Département en faillite sous perfusion d’argent public

 

Mayotte : un Département en faillite sous perfusion d’argent public

Mayotte n’a jamais autant dépendu de l’État. Un an et demi après la signature en grande pompe d’un contrat de redressement budgétaire, la Chambre régionale des comptes dresse un constat sévère : les finances du Département restent hors de contrôle, les engagements pris n’ont pas été respectés, et les millions versés par l’État n’ont produit aucun effet tangible. Résultat : une collectivité en quasi-faillite, maintenue à flot par une perfusion budgétaire sans condition.

Le rapport publié ce 4 août pointe un contrat bricolé à la va-vite, signé juste avant la venue d’Élisabeth Borne fin 2023. Le dispositif, censé dessiner une trajectoire de redressement, est jugé “insuffisamment élaboré et sans vision”. Les 150 millions d’euros d’aides exceptionnelles, 50 millions en 2023, 100 millions en 2024, ont été versés sans contrôle réel ni respect des objectifs définis. Un chèque en blanc, en somme.

La Chambre note une déconnexion totale entre les recettes, relativement stables, et des dépenses qui explosent. Le Département multiplie les appels aux cabinets privés pour piloter à sa place finances, ressources humaines, achats, investissements… Une dépendance assumée, facturée 1,2 million d’euros rien qu’en 2023. Pendant ce temps, les agents départementaux vieillissent : près d’un quart ont plus de 55 ans, certains continuent de percevoir un salaire bien au-delà de l’âge légal de départ à la retraite, parfois sans justificatif. La situation a atteint un tel niveau d’opacité que la paie a été suspendue en février dernier.

Le pilotage budgétaire est tout aussi préoccupant. Des recettes ne sont pas recouvrées, des dépenses sont dissimulées ou mal imputées, notamment des travaux de nettoyage classés en investissement pour déclencher un remboursement de TVA. Une manœuvre qui, selon la CRC, pourrait conduire à des “perceptions indues” de subventions.

Les efforts de redressement sont quasi inexistants. Les seules économies notables concernent les charges de personnel, réduites de 4 millions d’euros. Pour le reste, le maintien du résultat repose uniquement sur une non-réalisation des investissements, ce qui condamne l’avenir de l’île à moyen terme.

Face à ce naufrage budgétaire, la Chambre recommande de tout remettre à plat. Elle propose un nouveau dispositif unique, transparent, contraignant, sur le modèle des plans de redressement appliqués à d’autres collectivités en crise. En attendant, c’est toujours l’État qui paie – sans obtenir en retour ni réforme structurelle ni amélioration durable.

À Mayotte, l’autonomie locale reste-t-elle un mirage ? Et la gouvernance, un chantier abandonné ?

 

Patrice Clech

La trahison Letchimy, par un enfant d’Aimé Césaire

Il existe mille façons de montrer du mépris en politique. Certaines sont discrètes, d’autres éclatent comme une gifle. Serge Letchimy vient d’établir un nouveau record : annoncer, à 7 000 kilomètres de…