Opinion Outre-Mer
17H28 - mardi 5 août 2025

Pourquoi Saint-Benoît (La Réunion) et Roubaix partagent le triste record des villes les plus pauvres de France

 

Saint-Benoît (La Réunion) et Roubaix, le triste record des villes les plus pauvres de France.

Un habitant sur deux sous le seuil de pauvreté. Voilà le triste constat dressé à Saint-Benoît, à La Réunion, qui partage désormais avec Roubaix le taux de pauvreté le plus élevé de France parmi les villes de plus de 20 000 habitants. Selon les données de l’Insee de 2021, analysées en 2024 par l’Observatoire des inégalités, 46 % des Bénédictins vivent avec moins de 1 200 euros par mois. Une précarité de masse, trois fois supérieure à la moyenne nationale métropolitaine, qui transforme cette commune en symbole criant de l’urgence sociale qui ronge les outre-mer.

Mais ce chiffre n’est pas une anomalie isolée : à La Réunion, la pauvreté structurelle est endémique. Le taux départemental atteint 36 %, soit plus de 319 000 personnes sous le seuil, avec des pics encore plus vertigineux dans d’autres communes. Saint-André culmine à 44 %, Le Port, Saint-Louis et Saint-Joseph à 43 %, tandis que Le Tampon approche les 40 %. Des taux qui illustrent une précarisation généralisée, alimentée par un chômage massif, une faible qualification de la population active, une dépendance chronique à l’emploi public et un coût de la vie qui écrase les budgets les plus modestes.

Le tableau est encore plus sombre dans les quartiers dits prioritaires de la politique de la ville. Là, plus d’un foyer sur deux vit dans la pauvreté. Les jeunes, les familles monoparentales, les sans diplôme forment les premières lignes de cette fracture invisible. Ces zones concentrent les handicaps sociaux, territoriaux et économiques, sans réel levier pour en sortir. La ville de Saint-Benoît fait malheureusement souvent la Une de l’actualité, avec ces derniers jours des cambriolages en série et ces derniers mois des interdictions de manifestations et d’attroupements nocturnes sur la voie publique.

La situation réunionnaise, aussi préoccupante soit-elle, s’inscrit dans un paysage national fragmenté. En chiffres absolus, Paris compte le plus grand nombre de pauvres en France : plus de 313 000 personnes, soit 22 % de sa population. À Perpignan, certains quartiers dépassent les 70 % de pauvreté, avec des poches d’exclusion où l’emploi, le logement et l’éducation semblent hors d’atteinte.

Au final, il n’existe pas de palmarès unique de la pauvreté. Saint-Benoît et Roubaix arrivent en tête en proportion. Paris détient le record en volume. Perpignan cumule les extrêmes dans ses quartiers. Et dans ce triste classement, La Réunion figure au troisième rang des départements les plus pauvres de France, juste derrière Mayotte et la Guyane.

Derrière les chiffres, ce sont des vies suspendues à la débrouille, aux aides sociales, aux solidarités familiales. Des trajectoires brisées avant d’avoir commencé, des enfants qui grandissent avec la pénurie pour seule norme. Et pendant ce temps, les indicateurs s’accumulent, implacables.

 

Patrice Clech

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