
Bourses scolaires en Nouvelle-Calédonie : la province Sud recule, les syndicats applaudissent, le FLNKS vote contre
À peine un an après avoir imposé dix ans de résidence pour accéder aux bourses scolaires, la province Sud fait machine arrière. Ce jeudi 31 juillet, les élus ont rétabli l’ancien critère de six mois, abandonnant ainsi une mesure jugée trop restrictive, décriée par les parents d’élèves, les syndicats et une partie de l’opposition.
Adoptée en juillet 2024, la mesure avait provoqué un tollé. L’UGPE (Union des groupements de parents d’élèves) et le MNIS (Mouvement nationaliste indépendantiste souverainiste) avaient porté l’affaire devant le tribunal administratif. D’abord validée en avril dernier, la mesure avait finalement été suspendue en juin par un juge des référés au nom du principe d’égalité. Cette volte-face juridique aura donc eu raison de la délibération.
Retour donc aux six mois de résidence, mais pas sans ajustements. L’aide à la demi-pension ou à l’internat sera désormais versée en une seule fois aux gestionnaires, plutôt qu’en trois fois, afin de simplifier les démarches et d’optimiser les coûts. Les délais de dépôt des dossiers sont, eux aussi, cadrés : les familles auront désormais entre le 1er mai et le 30 septembre pour faire leur demande, avec des dérogations prévues en cas de besoin.
Le groupe FLNKS, pourtant satisfait de cette marche arrière, a voté contre. Inès Kouathé a salué l’action des groupes civils et pointé une pression sociale grandissante. Mais Ithupane Tiéoué a rappelé que certaines restrictions, comme les dix ans de résidence exigés pour accéder aux logements sociaux, restaient inchangées. Du côté de la majorité, Naïa Watéou a insisté sur la volonté de priorisation des aides, niant toute volonté punitive post-émeutes.
En parallèle, Sonia Backès a discrètement ciblé la province Nord, laissant entendre que l’UGPE pourrait contester à son tour les critères d’accès aux bourses sur ce territoire, où l’accès est subordonné à la nationalité française et à la citoyenneté calédonienne. Si une version modifiée de la délibération semble avoir été publiée en 2021, les critères subsisteraient encore pour l’enseignement supérieur.
À côté du dossier explosif des bourses, la province a aussi débloqué 20 millions de francs pour les agriculteurs touchés par les violences de mai 2024. Une aide exceptionnelle, plafonnée à 8 millions par exploitation, couvrira jusqu’à 60 % des pertes. L’extension de l’aide à l’installation des professionnels de santé à de nouvelles professions a également été votée, tout comme un renforcement du contrôle des frais de mission des élus, et un nouveau cadre de traçabilité pour la viande de cerf.
Des dossiers techniques, un virage politique et des arbitrages budgétaires : cette session de l’assemblée provinciale aura marqué un retour au pragmatisme, sous la pression conjuguée du terrain, du droit et de l’opinion.
Patrice Clech

















