Edito
13H05 - vendredi 1 août 2025

Alassane Ouattara candidat à sa succession en Côte d’Ivoire : le choix de la raison. L’édito de Michel Taube

 

Ouattara candidat à sa succession : le choix de la raison. L’édito de Michel Taube

Alassane Ouattara a donc tranché. À 83 ans, le chef de l’État ivoirien briguera un nouveau mandat présidentiel en octobre prochain. Que n’a-t-on pas entendu depuis cette annonce ? Vieillesse, promesse non tenue, confiscation du pouvoir… Comme si l’Afrique subsaharienne n’était pas coutumière de destins plus tumultueux et d’ambitions infiniment plus cyniques. Comme si, dans un contexte régional marqué par les putschs, le terrorisme, les chocs économiques et les manipulations géopolitiques, la stabilité incarnée par Alassane Ouattara n’était pas en soi un facteur d’espérance.

 Le président ivoirien peut se prévaloir d’un bilan exceptionnel. En quinze ans, il a transformé la Côte d’Ivoire. Croissance soutenue, infrastructures modernisées, climat des affaires attractif, renforcement du système éducatif, recul de la menace djihadiste : peu de dirigeants africains peuvent en dire autant. À Abidjan comme à Korhogo, chacun peut constater les fruits d’une gouvernance sérieuse, d’une vision cohérente et d’un engagement sans relâche. N’en déplaise à certains, la réussite ivoirienne a un nom : Alassane Ouattara.

 On se souvient de la liesse qui avait entouré le couple présidentiel et les Éléphants ivoiriens,vainqueurs de la Coupe d’Afrique des Nations à la maison.

 Bien sûr, il aurait été souhaitable qu’il passe la main. Des personnalités de valeur l’entourent : la présidente du Sénat Kandia Camara, ou encore le ministre d’État Téné Birahima Ouattara. Mais les épreuves du passé plaident pour la prudence. Amadou Gon Coulibaly, son dauphin naturel, est décédé prématurément en 2020. Hamed Bakayoko, autre figure montante, l’a rejoint peu après. Les destins brisés ont été nombreux, les trahisons aussi. Quand l’Histoire pousse un homme à rester, il faut parfois écouter le devoir plutôt que l’opinion.

 Ouattara ne s’accroche pas. Il accomplit. Trois grands chantiers exigent sa vigilance : consolider la solidité économique du pays dans un environnement incertain, réussir la sortie du franc CFA pour une souveraineté monétaire effective, et surtout préparer, cette fois pour de bon, la relève. Il faudra choisir avec sagesse, former, transmettre, et construire la suite. Mais qui mieux que lui pour mener à bien cette transition ?

 Et puis, osons le dire : quinze ou vingt ans au pouvoir, c’est peu sur le continent africain. Surtout quand le temps long est mis au service du développement, de la paix et d’un État moderne. Ouattara n’est ni un autocrate ni un populiste. Il est un économiste rigoureux, un bâtisseur infatigable, un réformateur discret. Derrière l’homme, il y aussi une femme : Dominique Ouattara, parmi les plus actives des Premières Dames dans le monde, qui n’hésite pas à s’engager sur des causes pas que humanitaires mais qui touchent aussi au développement social et économique de son pays.

 Dans une Afrique francophone ballotée entre coups d’État et désillusions électorales, Ouattaraest, au fond, l’un des derniers remparts contre l’instabilité.

 Sa candidature n’est pas une régression démocratique. Elle est une continuité républicaine. Le choix de la raison. Les Ivoiriens en décideront le 25 octobre prochain. 

 

Michel Taube

Directeur de la publication