
La fête a viré au cauchemar sur la plage du Club Med à Sainte-Anne. Lundi 28 juillet, un jeune de 18 ans a trouvé la mort en marge du Tour des Yoles Rondes, lors d’un de ces rassemblements festifs improvisés et interdits que l’on appelle désormais « after-yoles ». Un drame brutal, emblématique d’un phénomène que les autorités martiniquaises cherchent à contenir depuis des années.
La préfecture n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué ferme, elle rappelle que ces after-yoles sont prohibés par arrêtés municipaux. Leur caractère non encadré et spontané les rend dangereux, en mer comme sur la plage. « Ces rassemblements favorisent les comportements à risque », martèle-t-elle, insistant sur l’absence totale de sécurité et d’organisation. Derrière le mot d’ordre, un objectif clair : éviter que la ferveur populaire autour des yoles ne dégénère en drames humains.
La Martinique vit au rythme du Tour des Yoles, événement patrimonial majeur, mais cette liesse collective échappe parfois à toute maîtrise. La mort de ce jeune homme en plein cœur d’un moment de fête réveille le souvenir d’autres incidents passés. Et relance la question : jusqu’où laisser la fête se faire sans cadre ? L’appel au civisme résonne donc comme une supplique. La mer, rappelle la préfecture, est un espace partagé, où l’imprudence d’un seul peut coûter cher à tous.
Dans sa communication, l’État détaille à nouveau les consignes de sécurité : sobriété absolue avant et pendant la navigation, vitesse réduite à l’approche des plages, matériel de secours à bord (gilets, VHF, moyens de signalisation), et réflexes d’urgence (le 196 ou le canal 16 en VHF). Une pédagogie de la prévention qu’il faut, selon les autorités, transformer en réflexes collectifs.
Car si la tradition des yoles enchante chaque été, elle s’accompagne désormais d’une inquiétude croissante. Les after-yoles, surgis à la lisière des manifestations officielles, échappent à tout contrôle. L’interdiction formelle n’empêche pas leur prolifération. Ni, manifestement, les risques majeurs qu’ils font courir. À Sainte-Anne, cette fois, la réalité a tranché net.
Alors que le Tour se poursuit sur l’île, les autorités espèrent que cette tragédie fera office d’électrochoc. Rendre hommage à la culture martiniquaise, oui. Mais pas au prix du sang.
Patrice Clech

















