Opinion Outre-Mer
09H04 - jeudi 31 juillet 2025

Loi contre la vie chère de Manuel Valls : retour de l’économie administrée. L’édito de Michel Taube

 

Loi contre la vie chère : retour de l’économie administrée. L’édito de Michel Taube

Le projet de loi présenté ce 30 juillet pour lutter contre la vie chère dans les Outre-mer marquera, s’il aboutit, un dangereux retour à une économie administrée. En voulant imposer des prix artificiellement bas, en excluant par exemple les coûts de transport du calcul du prix de vente, l’État nie une réalité fondamentale : l’éloignement géographique et l’insularité engendrent inévitablement des surcoûts. Aucune loi ne les fera disparaître.

Le projet du premier ministre des Outre-mer repose sur des contre-vérités, comme le dénoncent des chefs d’entreprise. Pourtant, d’année en année, les chiffres de l’Insee confirment l’évidence vécue : dans les territoires ultramarins, les prix à la consommation restent très largement supérieurs à ceux de la métropole, jusqu’à +40 % sur l’alimentaire. Pire encore, l’écart se creuse. En janvier 2025, l’inflation en Guadeloupe atteignait 3 % sur un an, contre 1,7 % dans l’Hexagone. À La Réunion, les prix de l’alimentation ont bondi de 3,1 % contre 1,2 % au niveau national.

Ces chiffres ne sont pas des anomalies économiques. Ils sont le produit d’un modèle structurel : celui d’îles dépendantes à 95 % des importations, soumises à des coûts logistiques très élevés, dans des marchés étroits et très concurrentiels. Croire que quelques articles de loi suffiront à “corriger le marché” sans corriger cette réalité est un leurre offert par la classe politique nationale cynique ou déconnectée.

Ce texte ne vise pas à soutenir l’économie locale, il la soupçonne, la surveille, la sanctionne. Jusqu’à 750 000 euros d’amende pour défaut de transparence, saisines facilitées de l’Autorité de la concurrence, seuils abaissés pour contrôler les parts de marché… C’est une politique de défiance, héritée d’un réflexe centralisateur et punitif.

D’ailleurs, dans l’entourage du ministre Valls, on assume encore et toujours les termes employés il y a quelques semaines : le premier objectif de la loi est de dire les choses et donc de dénoncer de pseudo-relents de colonialisme… 

Ce projet de loi contre la vie chère est une rustine sur une fracture structurelle. Tant qu’on ne portera pas dans la Constitution le principe de continuité économique territoriale, tout Français d’Outre-mer continuera de payer son éloignement au prix fort. Ce n’est pas une fatalité logistique, c’est un choix politique. L’égalité réelle doit se traduire en actes, pas en lois et en réglementations contraignantes.

Le projet de loi contre la vie chère présenté par le gouvernement est une réponse insuffisante, technocratique, à un problème profondément politique : l’inégalité structurelle entre la France des Outre-mer et celle de l’Hexagone. Derrière les mots rassurants sur la transparence, la régulation ou les « boucliers qualité-prix », il manque l’essentiel : un engagement clair de l’État pour compenser les surcoûts liés à l’éloignement. En somme, une vraie continuité économique territoriale. Comme en Corse. Ou une clause de nation la plus favorisée, une grande loi fiscale et sociale, une réforme profonde de la fiscalité par la remise en cause de l’octroi de mer, bref des choix structurels qui compenseraient des facteurs structurels de la vie chère.

La loi Valls nourrira les socialistes qui dominent la vie politique des Outre-mer en enfonçant toujours plus les Ultramarins dans l’assistanat et la précarité.

 

 Michel Taube

Directeur de la publication

La trahison Letchimy, par un enfant d’Aimé Césaire

Il existe mille façons de montrer du mépris en politique. Certaines sont discrètes, d’autres éclatent comme une gifle. Serge Letchimy vient d’établir un nouveau record : annoncer, à 7 000 kilomètres de…