Opinion Outre-Mer
10H03 - mercredi 30 juillet 2025

Tahiti : un enfant sévèrement attaqué par un requin à Taiohae : l’accident était évitable

 

Tahiti : un enfant sévèrement attaqué par un requin à Taiohae : l’accident était évitable

Il avait sept ans. Il s’amusait à sauter dans l’eau au pied du quai de Taiohae, à Nuku Hiva. Un geste banal, dans un lieu pourtant classé interdit à la baignade depuis 2023. Un requin bordé de deux mètres l’a violemment attaqué. Morsures au bras, à la jambe, une évacuation d’urgence vers Tahiti, un mollet profondément atteint. Les séquelles, elles, sont encore incertaines. Mais l’erreur humaine, elle, ne fait aucun doute.

Cela fait plus d’un an qu’un arrêté municipal interdit formellement de se baigner à cet endroit précis. La raison est connue de tous : c’est ici que les pêcheurs nettoient leurs poissons quotidiennement. Et c’est précisément là que s’accumulent les déchets – têtes, viscères, peaux – jetés en mer. Résultat : une vingtaine de requins bordés rôdent en permanence à quelques mètres du quai, attirés par cette nourriture facile. Un écosystème dévié, un comportement modifié, et un risque devenu permanent.

Le maire de Nuku Hiva, Benoît Kautai, l’a répété après l’accident : « Cet arrêté date de 2023. Personne n’est censé se baigner à cet endroit. » Pourtant, rien n’y fait. L’interdiction est méconnue, ou pire, ignorée. Et aucune solution pérenne n’a été trouvée pour empêcher les pêcheurs de poursuivre cette habitude, bien qu’elle soit assimilable à une pratique interdite : le shark feeding.

Les tentatives de régulation – comme l’installation de poubelles spécifiques – ont échoué. Pas par manque d’intention, mais faute de praticité. Il n’existe à Taiohae aucun lieu adapté, propre et simple d’usage pour vider les poissons. Alors les pêcheurs font comme toujours : ils jettent à la mer. Et les squales, eux, s’adaptent. Habitués à trouver leur pitance sans effort, ils deviennent plus territoriaux, plus impatients, plus agressifs lorsque la ration quotidienne manque. Un engrenage évident, et pourtant laissé sans solution.

Des habitants, comme Tahia, commencent à proposer des alternatives concrètes : récupérer les déchets pour les valoriser, par exemple comme engrais naturel, comme cela se fait ailleurs. Cela permettrait de rompre le lien direct entre les rejets en mer et la présence des requins. « Quand j’étais jeune, on se baignait là sans problème. Il faut arrêter de dérégler la nature, sinon elle nous le rend. »

La réalité est là : ce drame était évitable. La réglementation existait. Le risque était connu. Mais rien n’a été fait pour véritablement empêcher l’inacceptable. Aujourd’hui, un enfant est hospitalisé à Tahiti. Demain, si rien ne change, un autre pourrait subir le même sort. Car à Taiohae, les squales ont désormais leurs habitudes. Et c’est l’homme qui les leur a données.

 

Patrice Clech

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