
La Fête du Trône, célébrée ce mercredi 30 juillet 2025, marque l’anniversaire de l’accession au pouvoir du roi Mohammed VI, successeur de Hassan II, il y a 26 ans. Un règne qui, malgré les critiques sur son style jugé parfois trop discret, s’inscrit désormais dans l’histoire comme l’un des plus structurants pour le Maroc moderne.
Car sous l’apparente placidité du souverain, se cache un redoutable stratège. En un quart de siècle, le Maroc a renforcé sa stabilité politique, consolidé l’ancrage marocain du Sahara occidental, affirmé son leadership économique sur le continent africain et mené une diplomatie audacieuse, notamment en se rapprochant d’Israël dans l’esprit des Accords d’Abraham. Sur le plan sécuritaire, les services de renseignement marocains figurent aujourd’hui parmi les plus efficaces au monde, en particulier dans la lutte antiterroriste. Le règne s’est notamment caractérisé par une révision de la Constitution, reconnaissant notamment la diversité des cultures, judaïque et amazigh au coeur de la nation marocaine.
En tant que Commandeur des croyants, Mohammed VI a aussi poursuivi une politique religieuse fondée sur un islam contextualisé, modéré et fidèle à la tradition de tolérance marocaine. Ce modèle, salué bien au-delà des frontières du royaume, fait figure de rempart contre les dérives islamistes.
La vie politique marocaine, bien sûr, n’est pas exempte de tensions ni de défis. Les inégalités sociales restent criantes, les femmes sont loin d’avoir tous les droits des hommes et le chômage des jeunes demeure préoccupant. Mais après une décennie dominée par le Parti de la justice et du développement (PJD), d’inspiration islamiste, le retour des libéraux modernistes au pouvoir en 2022 lors des élections législatives et municipales a ouvert de nouvelles perspectives.
Le partenaire France
La France, longtemps silencieuse sur la question du Sahara, a enfin clarifié sa position, à l’instar des États-Unis et de l’Espagne, en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur ce territoire stratégique. La réconciliation entre Rabat et Paris, après une période de tensions – notamment illustrée par le refus du Maroc d’accepter l’aide française lors du tremblement de terre de Marrakech en septembre 2023 – s’est concrétisée par une visite d’État d’Emmanuel Macron en octobre dernier.
Premier partenaire économique du Maroc, – mais fortement concurrencée par l’Espagne, la France dispose d’atouts qu’elle doit consolider : entreprises industrielles, projets de transition énergétique, gestion de l’eau dans un contexte de stress hydrique sévère. La ligne à grande vitesse Tanger–Casablanca, inaugurée en 2018 par les deux chefs d’Etat, en partenariat avec la SNCF, reste un symbole de cette coopération.
La francophonie et la jeunesse occupent une place centrale dans cette relation bilatérale. Avec 42 établissements scolaires français accueillant plus de 43 000 élèves, dont une majorité de Marocains, l’influence culturelle française reste forte, et doit le rester. Et les diasporas marocaine en France, française au Maroc, jouant un rôle décisif dans les échanges économiques entre les deux pays, vivent dans la concorde.
Pour toutes ces raisons, le choix du Maroc, puisant dans une histoire commune exemplaire, doit rester une ligne de force, durable et toujours ravivée.
Michel Taube




















