
Saint-Pierre sous perfusion budgétaire mais pour mieux rebondir
La commune de Saint-Pierre, en Martinique, poursuit sa lente sortie du gouffre financier. Une nouvelle bouffée d’oxygène vient de lui être accordée sous la forme d’un deuxième contrat de redressement Outre-mer (COROM), signé avec l’État. Officiellement, il s’agit d’un partenariat. En réalité, c’est un plan de survie. Objectif affiché : atteindre l’équilibre budgétaire à l’horizon 2029. Mais pour l’heure, la pente reste raide.
Saint-Pierre est l’un des maillons les plus fragiles du réseau communal martiniquais. Selon le préfet Étienne Desplanques, les délais de paiement atteignent aujourd’hui jusqu’à 120 jours. Un chiffre qui en dit long sur l’état des caisses. Cette situation critique impose une restructuration en profondeur. Et l’État a consenti à accompagner l’effort, en injectant près d’un million d’euros sur trois ans, couplés à un appui en ingénierie technique.
Mais la contrepartie est sévère. Réduction des dépenses, coupe dans la masse salariale, vente de patrimoine, chasse aux recettes : la commune va devoir tailler dans le vif. C’est le prix à payer pour retrouver un semblant de stabilité. Le maire Christian Rapha n’élude pas la gravité du problème. Il rappelle qu’à son arrivée en 2015, il héritait d’un déficit de 3 millions d’euros sur un budget total de 6. Autrement dit, la moitié des finances communales était engloutie dans le rouge, aggravée par des arriérés sociaux et fiscaux. Une faillite larvée.
Depuis, la situation s’est assainie, au prix de nombreuses coupes et réorganisations. Le premier COROM signé en 2021 avait amorcé le mouvement. Ce deuxième contrat vise désormais à consolider les bases. Pour une ville classée « d’art et d’histoire », encore marquée par les stigmates d’un passé dramatique, il s’agit aussi de préserver une attractivité touristique et un niveau de service public acceptable, sans sacrifier davantage son tissu social.
Saint-Pierre a déjà perdu trop de temps. Ce nouveau contrat est peut-être la dernière chance de sortir la tête de l’eau avant que l’addition ne devienne irréversible.
Patrice Clech

















