Opinion Outre-Mer
16H59 - mardi 29 juillet 2025

La Réunion, Saint-Denis : la Colline effondrée, colère en cascade après les démolitions

 
La Réunion, Saint-Denis : la Colline effondrée, colère en cascade après les démolitions

La Réunion, Saint-Denis : la Colline effondrée, colère en cascade après les démolitions

Trois maisons ont été rasées au petit matin ce jeudi 24 juillet dans le quartier de la Colline à Saint-Denis. L’opération, menée à l’initiative conjointe de la préfecture et de la mairie, visait des habitations jugées en péril imminent après le passage du cyclone Garance en février dernier. Deux familles avaient accepté de quitter les lieux. La troisième, restée sur place, refusait jusqu’au bout de partir. Et autour d’elle, la tension a rapidement gagné tout le quartier.

Des barrages de police ont été installés dès les premières heures, empêchant les riverains d’accéder à la zone de démolition. Certains, visiblement pris de court, ignoraient s’ils étaient eux-mêmes concernés. D’autres, comme un habitant furieux, ont découvert que leur logement avait été fracturé par erreur : « Ma maison n’était pas visée, et pourtant ma porte a été défoncée, mes meubles sont dehors », a-t-il dénoncé avant de contourner le barrage par le lit de la rivière pour rejoindre sa maison.

La Compagnie départementale d’intervention a dû faire face aux protestations d’une vingtaine d’habitants alors que les engins entamaient leur travail. La première maison a été démolie à 10h30, sous escorte policière. Quelques minutes plus tard, un camion chargé d’un container quittait discrètement les lieux. À 11h42, les trois habitations étaient réduites à l’état de gravats.

Sur les réseaux sociaux, la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, a assuré que l’opération s’inscrivait dans une logique de protection : onze familles ont été relogées depuis février, trois autres étaient concernées par les maisons démolies ce jeudi. Deux ont accepté les propositions de relogement, la troisième les a refusées sans engager de recours administratif. La mairie précise que des appartements meublés ont été attribués à chaque famille, avec loyers adaptés aux revenus. Les clés ont été remises ou restaient disponibles dès ce jeudi matin.

Mais sur le terrain, le ressenti est tout autre. Jean-Jacques Guito, habitant du quartier, fustige une opération menée « sans dialogue, sans concertation, sans transparence ». Il évoque un « comportement lâche » des autorités, et accuse la mairie de préférer la démolition à des solutions comme l’enrochement ou l’endiguement. « Quand on démolit une maison, on prévient les gens. Et c’est à un tribunal de décider, pas à une pelleteuse », dénonce-t-il.

Le préfet Patrice Latron, en conférence de presse aux côtés d’Ericka Bareigts, a reconnu la dimension humaine et difficile de l’opération. Mais il insiste sur l’urgence : « Certaines maisons tiennent par un bout de bois. On ne peut pas laisser des familles s’exposer à un danger mortel, surtout dans une zone instable en bord de ravine. » Selon lui, l’arrêté préfectoral avait été notifié trois semaines plus tôt.

La tempête Garance a laissé des traces durables à La Réunion, et le quartier de la Colline en porte encore les stigmates. Mais pour les habitants, les gravats ne sont pas seulement ceux des maisons : ce sont aussi ceux de la confiance dans les institutions. Entre relogement présenté comme un accompagnement et expulsions perçues comme un passage en force, une chose est sûre : la fracture ne se comble pas avec un coup de pelle.

Patrice Clech

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