Opinion Outre-Mer
18H00 - mardi 29 juillet 2025

À Nouméa, le Fenua s’installe en grand

 

À Nouméa, le Fenua s’installe en grand

Ils sont plus nombreux sur le Caillou que sur leurs propres îles : près de 22 500 Wallisiens et Futuniens vivent aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, deux fois plus qu’au Fenua. Ce vendredi 25 juillet, une nouvelle page de leur histoire commune s’est ouverte avec l’inauguration de la Maison de Wallis-et-Futuna, installée à Magenta, juste en face du foyer communautaire. Un lieu flambant neuf, trois ans de travaux, 300 millions de francs investis par la province Sud, et une ambition clairement affichée : ancrer davantage cette population dans le paysage calédonien, tout en préservant ses racines.

Bénie le matin même devant une foule de fidèles et de responsables politiques, l’infrastructure se veut bien plus qu’un bâtiment administratif. Pensée comme un pont vivant entre les archipels, elle vise à accueillir les nouveaux arrivants, en particulier les étudiants et les jeunes en quête d’emploi. Elle assurera aussi le suivi des dossiers médicaux des patients évasanés, en lien avec les services de santé calédoniens. Une délégation de neuf agents sera chargée de faire tourner cette petite administration, dont le modèle s’inspire directement de la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris.

Mais la mission ne s’arrête pas à l’accueil ou à la gestion de dossiers. Le projet entend aussi jouer un rôle culturel majeur. « C’est une case qui doit mieux faire connaître notre culture », a déclaré Munipoese Muli’aka’aka, président de l’assemblée de Wallis-et-Futuna, venu en personne pour l’événement. Il estime urgent de reconnecter la jeunesse aux traditions, dans un contexte où beaucoup grandissent loin des coutumes et des repères culturels de leurs aînés.

Cette inauguration vient surtout matérialiser un rapprochement politique engagé depuis l’« accord particulier » signé en 2003 entre les deux territoires. Alcide Ponga, président du gouvernement calédonien, y voit un geste fort : « C’est un pont vivant entre nos îles, un outil d’initiatives communes qui renforcera la coopération entre nos peuples ». Et si le chantier a été entièrement financé par la province Sud, cela n’a pas empêché Sonia Backès de saluer un symbole collectif. Pour elle, cette maison dépasse les appartenances ethniques : « Ce n’est pas seulement la maison des Wallisiens et des Futuniens. C’est la maison de tous les Calédoniens ».

L’intervention de la présidente de la province Sud ne s’est pas faite sans arrière-pensée politique. Elle a clairement relié cette inauguration au récent accord signé à Bougival, appelant à dépasser les clivages communautaires : « Ce que nous avons signé, c’est la première pierre d’une Nouvelle-Calédonie différente. Désormais, nous sommes tous des Calédoniens à égalité, sans cloisonnement ethnique, tout en restant fiers de nos origines. »

Entre intégration assumée et revendication culturelle, la Maison de Wallis-et-Futuna navigue entre deux identités. À Magenta, elle devient une ancre pour ceux que le Fenua a vu partir, mais qui n’en ont jamais coupé le lien.

 

Patrice Clech

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