
Michel Taube : Madame Mariame Berete, bonjour, merci d’avoir accepté de répondre à Opinion Internationale. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Mariame Berete : Bonjour, merci à vous. Je suis la présidente de l’association Challenge Tech International, association engagée dans la lutte contre l’exclusion numérique, avec une ambition forte : promouvoir des villes durables et une société plus inclusive grâce à la technologie.
Vous organisez le symposium “Inclusia 2025” vendredi 5 septembre prochain au Palais du Luxembourg à Paris, lequel héberge le Sénat français. Pourquoi « Inclusia » ?
“Inclusion 2025”, c’est un colloque international dédié à la lutte contre l’exclusion numérique. Notre objectif est d’explorer des solutions concrètes pour que chacun, en particulier les populations les plus vulnérables, puisse accéder aux outils numériques.
Nous parlerons notamment de la gestion des déchets électroniques et des opportunités de développer en Afrique, et plus particulièrement en Côte d’Ivoire, le marché du reconditionnement des téléphones et des ordinateurs. Ces équipements doivent devenir accessibles à tous. Il est aussi crucial de permettre aux femmes de s’intéresser aux carrières technologiques, d’apprendre à coder, à maîtriser les outils numériques. Enfin, nous aborderons le défi de l’accès à la connexion internet, notamment en Afrique ou dans les zones rurales et reculées.
Beaucoup de régions d’Afrique sont-elles encore de véritables déserts numériques ?
Oui, malheureusement. Bien que certains grands opérateurs comme Orange soient présents dans plusieurs pays africains, d’autres restent encore très mal desservis. Le Togo, par exemple, connaît des difficultés d’accès à une connexion fiable, faute de présence d’opérateurs majeurs dans certaines zones.
L’autre problème majeur, c’est est le coût. Les appels téléphoniques et connexions téléphoniques reposent souvent sur des systèmes de cartes prépayées, très chères, et donc peu accessibles. Et même quand la connexion est là, l’accès aux équipements reste limité, car les téléphones et ordinateurs sont trop coûteux. C’est pourquoi nous plaidons pour des partenariats internationaux, notamment européens et plus particulièrement, pour développer la diffusion de matériel reconditionné à moindre coût.
Quelle est aujourd’hui la stratégie de la Côte d’Ivoire pour favoriser l’inclusion numérique ?
La Côte d’Ivoire a accompli des avancées significatives. Un pôle technologique a été créé à Grand-Bassam, avec l’ambition d’en faire la Silicon Valley de l’Afrique de l’Ouest. Monsieur Mebeti Dosso, directeur général du Parc technologique de Grand Bassam, interviendra d’ailleurs lors de notre Forum.
La Côte d’Ivoire est en train de devenir la start-up nation du continent. Le gouvernement ivoirien investit massivement pour élargir l’accès à internet et aux équipements numériques. Il encourage également fortement l’intégration des femmes dans les métiers de la tech. Ce soutien est crucial.
Le gouvernement, notamment sous l’impulsion du Premier ministre ivoirien, Son Excellence Robert Beugré Mambé, est très investi dans le développement d’une économie circulaire. Dans ce cadre, les entreprises européennes qui voudraient investir en Côte d’Ivoire, entre autres secteurs stratégiques dans le reconditionnement des téléphones et des ordinateurs, sont les bienvenues.
Et c’est pourquoi nous aurons la présence exceptionnelle à « Inclusia 2025 » de Son Excellence Robert Beugré Mambé, et de S.E. Madame Kandia Camara, présidente du Sénat, vice-présidente du RHDP et présidente des sénateurs d’Afrique.
Quelle est la place des femmes dans ce combat pour l’inclusion numérique ?
Les femmes doivent être pleinement actrices de cette révolution numérique. Trop souvent, dès l’école, on les oriente vers des métiers dits « féminins », comme secrétaire, tandis que l’informatique est encore perçue comme un domaine masculin.
Or, il n’y a pas de domaine réservé. Tout le monde peut apprendre à coder, à utiliser des logiciels, à innover. Il suffit de volonté et d’opportunités. Et comme le numérique transforme notre monde, il est indispensable que les femmes y prennent toute leur place.
Les lecteurs et lectrices de notre rubrique « Sois belle et ouvre-la » apprécieront votre engagement.
Parmi les partenaires de votre Forum figure l’UNF (Union Nation Fédération) présidée par Christophe Giovannetti. Pourquoi ce partenariat ?
Christophe Giovannetti est un militant des droits humains, engagé pour les plus vulnérables. J’ai l’honneur d’être l’ambassadrice de l’UNF en Côte d’Ivoire. Nous partageons une vision commune : il faut donner davantage de place aux femmes dans la société, et cela passe aussi par leur accès au numérique et aux fonctions de décision.
Quel message adressez-vous aux entreprises françaises et européennes qui souhaiteraient accompagner Challenge Tech International et être présentes pendant le Symposium « Inclusia 2025 » ?
La Côte d’Ivoire est un pays stable, avec une vraie volonté politique d’avancer sur ces enjeuxcruciaux. Le gouvernement est ouvert à accueillir des investisseurs et à leur faciliter l’installation.
Nous lançons un appel à toutes les entreprises françaises et européennes : investissez en Côte d’Ivoire pour y soutenir l’inclusion numérique, développer le marché des déchets électroniques et la professionnalisation des femmes. Ensemble, nous pouvons combler les fractures, renforcer les liens entre nos continents et bâtir un avenir numérique plus équitable.
Propos recueillis par Michel Taube
Découvrez le programme de « Inclusia 2025 » :
https://challengetech.org/wp-content/uploads/2025/04/Colloque-presentation.pdf
Pour s’inscrire à « Inclusia 2025 » :
https://challengetech.org/colloque-international-inclusia-2025#inscription




















