
Martinique : coup de filet anti-drogue sur les hauteurs de Fort-de-France
La traque s’est terminée dimanche 13 juillet, mais l’affaire ne fait que commencer. Trois hommes, désormais sous les verrous, ont été condamnés en comparution immédiate ce vendredi 18 juillet, après avoir été arrêtés dans une opération menée par les services de la Direction Territoriale de la Police Nationale à Fort-de-France. Entre drogue, armes et argent liquide, les saisies laissent peu de place au doute : c’est bien une organisation structurée de trafic de stupéfiants que les enquêteurs viennent de mettre à terre.
Tout est parti d’un renseignement. Loin d’un coup de filet improvisé, l’opération est le fruit d’investigations discrètes menées depuis plusieurs semaines par les services de la police judiciaire. Dimanche 13 juillet, dans un quartier escarpé des hauteurs de Fort-de-France, les forces de l’ordre passent à l’action. Les perquisitions révèlent un butin inquiétant : plus de 11 kilos de cocaïne, 22 kilos d’herbe de cannabis, deux pistolets chargés et pas moins de 4 000 euros en numéraire. Les policiers ne découvrent pas un simple point de deal, mais un véritable arsenal, symbole d’un trafic installé, organisé, et manifestement rentable.
Les trois hommes arrêtés lors de cette intervention ont été immédiatement placés en garde à vue. Âgés de 27, 35 et 44 ans, ils ont été entendus avant d’être déférés ce mercredi devant la justice. Deux des prévenus sont originaires de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent, élément non anodin dans un contexte où les connexions entre les Antilles françaises et les îles anglophones voisines sont régulièrement évoquées dans les circuits du narcotrafic régional.
Ils ont écopé de peines allant de 18 mois de prison avec sursis à 4 ans de prison pour le Martiniquais, déjà condamné à 7 reprises entre 2002 et 2016, pour trafic de stupéfiants.
Ils ont été transférés au centre pénitentiaire de Ducos. Une réponse judiciaire rapide, que les autorités souhaitaient exemplaire. En Martinique comme ailleurs, la pression sur les réseaux de trafiquants s’intensifie, à mesure que les saisies se multiplient et que les violences liées à ces trafics gagnent du terrain.
Cette affaire rappelle, une fois encore, que Fort-de-France n’échappe pas à l’emprise des réseaux de drogue. Ni ville portuaire ni simple zone de transit, la capitale martiniquaise devient aussi un point de stockage et de redistribution, au cœur d’une économie parallèle où les armes circulent aussi vite que les billets. Derrière les façades ordinaires, des appartements se transforment en plaques tournantes, à l’abri des regards, jusqu’à ce que la police décide de faire tomber le rideau.
Le bilan de l’opération est lourd, mais il n’est sans doute qu’une pièce dans un engrenage plus vaste. Les 33 kilos de drogues saisis, les armes approvisionnées et les milliers d’euros en cash ne disent rien des complicités, des circuits financiers, ni de l’étendue du réseau. L’enquête, discrète jusqu’ici, pourrait se prolonger bien au-delà du procès express prévu ce vendredi.
En attendant, les trois prévenus croupissent à Ducos, en silence. La drogue, elle, continue de circuler. Mais pour ces trois-là, le match est en pause.
Patrice Clech

















