Opinion Outre-Mer
09H56 - lundi 21 juillet 2025

Centre Hospitalier de Mayotte : la députée Anchya Bamana alerte

 
Centre Hospitalier de Mayotte : la députée Anchya Bamana alerte

Centre Hospitalier de Mayotte : la députée Anchya Bamana alerte

Quand une élue de la République saisit le ministre de la Santé et alerte le procureur sur fond de décès suspect, c’est que la situation a franchi un seuil critique. C’est ce qu’a fait Anchya Bamana, députée de la 2 circonscription de Mayotte, dans un courrier daté du 6 juillet, où elle décrit un hôpital à bout de souffle et un système de santé local qu’elle estime au bord de la rupture. Appuyée par les signalements internes d’un praticien du Centre hospitalier de Mayotte (CHM), l’élue dresse un tableau glaçant : maternité saturée, décisions politiques incohérentes, actes médicaux contestés, absence totale de stratégie sanitaire à long terme.

L’un des documents transmis au ministère provient d’un chirurgien urologue du CHM. Il signale un cas de décès d’une jeune femme de 24 ans, dont les circonstances médicales auraient été déformées sur le certificat de décès. Ce décès, présenté comme naturel, aurait pourtant fait l’objet de pratiques suspectes commises par une consœur du praticien. L’affaire, jugée suffisamment grave, a été directement signalée au procureur de la République de Mayotte, ouvrant la voie à une possible enquête judiciaire. Une situation rarissime dans un hôpital public, et d’autant plus explosive dans un territoire sous tension permanente.

Mais cette alerte n’est qu’un volet du problème. Car selon la députée, les dysfonctionnements du CHM dépassent de loin ce seul épisode. Elle dénonce une maternité surchargée, dotée de seulement sept salles d’accouchement alors qu’il en faudrait treize, et critique une décision récente qui aggrave encore la situation : la fermeture de deux maternités périphériques, sans plan de remplacement, ni réflexion globale sur la politique périnatale à Mayotte. Une décision perçue comme technocratique, déconnectée du terrain, et dont les conséquences se font déjà sentir.

Dans ce contexte de crise sanitaire structurelle, la députée avance plusieurs propositions. Elle plaide notamment pour que le service de santé des Armées envoie en renfort du personnel médical et paramédical sur l’île. Elle souhaite également la réouverture des maternités fermées, transformées en centres prénataux de proximité, et la création d’une unité de formation universitaire en santé, en lien avec la faculté de médecine de La Réunion. Autant de solutions censées réinjecter des moyens humains, logistiques et pédagogiques dans un territoire à la démographie explosive, où la pression sur le système hospitalier devient ingérable.

Au-delà des infrastructures, elle pointe aussi une forme d’inertie institutionnelle. En ligne de mire : l’Agence régionale de santé (ARS), accusée d’avoir laissé sans réponse les alertes répétées sur le diabète, fléau silencieux de l’île. Depuis des années, selon l’élue, aucune campagne sérieuse de prévention n’aurait été lancée. Résultat : une explosion des cas, sans moyens ni plan d’action.

Anchya Bamana ne se contente donc pas de protester. Elle exige un changement de cap, une réponse à court terme, mais aussi une refonte en profondeur. En l’absence d’un plan d’urgence, le risque est clair : l’hôpital de Mayotte pourrait basculer dans une crise systémique, au détriment des soignants, des patients… et de l’État lui-même.

 

Patrice Clech

 

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