Edito
20H25 - lundi 14 juillet 2025

Avec le 14 juillet résonne « Ici et Maintenant, une lecture républicaine de la Torah ». Un livre et une chronique de Patrick Pilcer

 

Avec le 14 juillet résonne « Ici et Maintenant, une lecture républicaine de la Torah ». Un livre et une chronique de Patrick Pilcer

La Fête nationale et le 14 Juillet offrent une parfaite résonnance entre nos principes républicains et les valeurs universelles de la Bible.

Le 14 juillet, la France célèbre notre République. Mais que fêtons-nous vraiment ? Une histoire politique ? Une identité nationale ? Ou peut-être, plus profondément, une vision de l’humain, du collectif, de la justice ?

Dans mon dernier livre, « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah », je montre que la République française et la Torah partagent bien plus qu’on ne le pense : une même exigence éthique, une même quête de fraternité, et un même pari sur la responsabilité humaine.

Comme chaque 14 juillet, la France se souvient de ce qui fonde notre Nation, notre Patrie, notre République. C’est le moment où tous les Français vibrent à l’unisson en clamant notre devise républicaine, ce beau triptyque : Liberté Egalité Fraternité.

« Ici et Maintenant, lecture républicaine de la Torah », avec une belle préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, tente de mettre en résonnance nos principes républicains et les valeurs universelles de la Bible. Cela peut paraître étonnant, paradoxal, voire contradictoire, et pourtant…

Notre République se construit sur trois piliers, Liberté Egalité, Fraternité, et sur un quatrième pilier, plus invisible, plus discret, et pourtant indispensable : la Laïcité.

 

Notre triptyque finit par Fraternité. Pour le Judaïsme, dans la Torah, tout commence par la Fraternité. C’est même, comme je le démontre dans mon ouvrage, l’enseignement majeur du premier livre de la Torah, la Genèse, Berechit, Au commencement.

Tout d’abord une fraternité ébranlée, mise à mal, avec le meurtre de Caïn sur Abel, une fraternité de rivalité avec Isaac et Ismaël, puis avec Jacob et Esaü. Puis une fraternité retrouvée, restaurée, réparée avec les fils de Jacob. A la fin de la Genèse, les fils de Jacob, par la voix de Yehouda, trouvent l’intelligence et la force en eux-mêmes pour se réparer, et demandent pardon à Joseph de l’avoir vendu par jalousie à une caravane de commerçants. Joseph, devenu Vice-Roi d’Egypte, le deuxième homme le plus puissant de l’époque, sait, lui, trouver l’intelligence et la bienveillance nécessaires pour pardonner à ses frères. La Fraternité est réparée, retrouvée. La fêlure n’apparaît plus, comme si chacun avait su maitriser l’art japonais du Kintsugi.

 

Une fois la Fraternité retrouvée, on peut passer à l’étape suivante, la Liberté, à la libération de l’esclavage, au libre-arbitre et c’est le livre de l’Exode. Puis on peut mettre en place le cadre, les règles du Vivre ensemble et faire Nation, en faisant toujours appel à l’éthique, à la justice, à la responsabilité et donc à l’Egalité. On dispose alors de tout ce qu’une société a besoin pour créer les conditions du Vivre Ensemble, et faire Nation. C’est également le but de nos principes républicains.

Dans mon livre, j’adopte un état d’esprit libre et ancré dans les valeurs de la République. Ce livre ne cherche pas à dire ce que la Torah « veut dire » mais ce qu’elle peut nous dire aujourd’hui, si on la lit avec un œil laïque, politique, éthique.

Par exemple, quand Moïse affronte Pharaon, ce n’est pas qu’un épisode biblique : c’est une méditation sur le courage politique, sur la sortie de la servitude, sur le libre arbitre bien sûr, sur la liberté comme choix exigeant. C’est un regard exigeant et profondément républicain en somme.

Chaque chapitre est un appel à réfléchir à ce que signifie être libre, solidaire, juste… ici et maintenant.

Mon livre est à la fois, en même temps, spirituel et politique. Il s’adresse à tous ceux qui aiment penser. Croyants ou non, juifs ou non, peu importe. Il parle à ceux qui veulent reconnecter texte et action, héritage et avenir.

 

Avec le 14 juillet résonne « Ici et Maintenant, une lecture républicaine de la Torah ». Un livre et une chronique de Patrick Pilcer

Ce livre, c’est aussi une tentative de réconcilier la laïcité avec une forme de spiritualité, et il existe bien sûr une spiritualité laïque.

On peut croire en la République comme on croit en une promesse. Et on peut s’inspirer des textes anciens pour construire une société plus juste, plus éthique. Beaucoup de religions utilisent un autre triptyque Foi Espérance Charité. Dans le Judaïsme, et dans la République, la foi importe peu, ce qui compte c’est bien plus l’éthique, le courage et l’esprit de responsabilité.

Dans la Torah, on ne demande pas de croire en D, cela ne compte pas vraiment, on demande de faire et de comprendre, on demande d’agir en responsabilité, avec éthique. Mais dans le judaïsme comme dans la République, l’espérance est importante, non pas une espérance dans une révolution d’un grand soir, mais bien plus dans les changements au quotidien, ceux des petits matins.

Notre espérance n’est pas dans le crépuscule, le crépuscule, c’est bien plus l’heure de la vigilance que de l’espérance, la vigilance est importante, vitale, mais notre espérance est celle de l’aube, celle d’une lumière croissante, celle de notre éveil ou de notre réveil.

République comme Judaïsme croient en la charité, pas celle sur laquelle les religions ont fait une OPA, mais la charité au sens étymologique, celle de caritas qui a donné care en anglais ; le Judaïsme comme la République croit au care, au fait de prendre soin de ce qui nous entoure comme de ceux qui nous entourent, Le Judaïsme comme la République posent les bases, les fondations d’une société du take care, où nous prenons chacun soin de notre environnement et de notre Prochain.

 

Ici et maintenant C’est un titre à double sens. Il dit d’abord que la Torah ne doit pas rester dans l’abstraction ou le passé : elle doit nous parler ici et maintenant, dans notre époque, avec ses tensions, ses espoirs, ses contradictions.Mais c’est aussi un appel à la responsabilité individuelle. La République, comme le judaïsme, demande d’agir dans le présent, pas de déléguer aux autres.

Je ne lis pas la Torah pour en extraire des dogmes, mais pour en faire un outil de réflexion citoyenne. Je crois à la laïcité parce que c’est un principe d’intelligence, un principe fondateur et en rien un principe de rejet. Bien au contraire, c’est aussi un principe qui nous protège des tentatives de séparatisme et de fanatisme.

La tradition juive, comme la République, valorise le débat, le commentaire, l’examen critique. C’est cette méthode que je reprends. On peut être profondément laïque tout en se nourrissant de textes spirituels — tant qu’on les lit librement, sans autorité extérieure, sans dogme, et qu’on les confronte à l’exigence de la raison et du vivre-ensemble.

 L’enseignement central du judaïsme, on ne le trouve pas n’importe où, on le trouve bien sûr dans chaque verset voire chaque mot, mais surtout au cœur de la Torah, dans son verset central celui qui est au milieu du 3ème livre , celui du milieu, au milieu du milieu, et que lisons nous : tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est là ce qui compte, ce qu’il faut retenir si nous ne devions ne retenir qu’un enseignement, un verset.

 

C’est aussi quelque part ce que la République prône. D’ailleurs un grand Républicain, un Français d’Afrique du Nord, d’Algérie, Albert Camus, disait cela également, avec ses mots. Une de ses phrases m’a profondément marqué, et résonne avec ce que je viens de dire. Il disait : Un homme, cela s’empêche.

 

C’est une autre façon, par la contraposée, de dire la même chose.

Aime ton prochain comme toi-même, un homme cela s’empêche, voilà deux sentences qui nous démontre que ni Poutine ni les barbares du hamas, du hezbollah ou de la mollahchie iranienne ne respectent ni les principes de la Bible ni nos principes de la République quand nous juifs, nous républicains, œuvrons à chaque instant pour mieux aimer nos prochains comme nous-même et pour savoir nous empêcher…

Chaque chapitre du livre interroge cette tension entre fidélité à un texte ancien, entre des valeurs et des principes issus du siècle des lumières, et engagement dans le monde d’aujourd’hui.

Et le 14 juillet, c’est le moment où tous les Français renouvellent leurs vœux de fidélité à la Nation, à la Patrie, à la République, où nous interrogeons nos principes fondateurs, Liberté Egalité Fraternité Laïcité, et nous engageons ici et maintenant, à aimer notre prochain comme nous-mêmes, comme à nous empêcher parce que nous sommes des Hommes.

Aimer son prochain comme soi-même, un homme cela s’empêche.

Ces deux phrases résument une civilisation. Nous pouvons alors espérer un avenir radieux.

Le 14 juillet, c’est le jour où nous réaffirmons que la République est un combat d’humanité. Ici et Maintenant.

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers