
La Réunion : le patron du Centre Sécurité Requin contre-attaque
Accusé de verrouiller la parole, de laisser dériver la stratégie anti-requin et de piloter un dispositif en perte de crédibilité, le directeur du Centre Sécurité Requin, Willy Cail, riposte. Le site Clicanoo s’en est fait l’écho. À ceux qui dénoncent un dialogue inexistant et une sécurisation en panne, il répond chiffres à l’appui, réformes en main, et stratégie assumée. Le message est clair : les critiques, c’est une chose. Les résultats, c’en est une autre.
Première ligne de défense : les évolutions réglementaires. Ces derniers mois, plusieurs mesures ont été prises pour assouplir l’accès à la mer. Interdiction de baignade levée sur les platiers récifaux, obligation du DREP (dispositif de répulsion électrique pour les pratiquants) allégée dans des zones sensibles comme la passe de Saint-Leu, autorisation élargie du PMT (palmage, masque, tuba)… Autant d’ajustements censés répondre aux critiques, sans pour autant baisser la garde.
Face aux attaques politiques, le directeur joue la carte du pragmatisme. Le risque requin ? Toujours là, oui. Et les attaques ? Plus aucune depuis six ans. C’est le cœur de sa démonstration : le dispositif fonctionne. Il ne promet pas l’impossible – une éradication du danger –, mais une maîtrise. Et il rappelle que la plupart des incidents récents ont eu lieu en dehors des zones protégées, à des heures à risque, par des usagers qui ont sciemment ignoré les consignes.
Côté finances, le discours est encore plus offensif. Dans un contexte où seules les collectivités – Région, Département et État – financent la stratégie anti-requin, Willy Cail défend bec et ongles la rigueur budgétaire : 23 agents aujourd’hui contre 40 auparavant, pour une couverture plus large. Faire mieux avec moins. Une logique de rationalisation assumée, même si elle crispe certaines associations de terrain.
C’est là qu’entre en scène RESSAC, le nouvel opérateur déployé depuis avril 2025. Exit la Ligue Réunionnaise de Surf et la Water Patrol, place à une structure affiliée à la Fédération française de sauvetage et de secourisme, capable d’intervenir au-delà du surf. En moins de deux mois, deux zones sécurisées ouvertes à Étang-Salé et Saint-Leu, et une capacité à activer trois spots en simultané : pour Willy Cail, c’est une révolution discrète mais efficace. Moins de personnel, plus de polyvalence, et une logique de continuité de service. Là encore, les choix opérés divisent, mais l’exécutif ne compte pas revenir en arrière.
Sur le DREP, sujet hautement polémique, le ton devient tranchant. À ceux qui dénoncent une contrainte coûteuse, voire inutile, le directeur rétorque que c’est le seul outil scientifiquement prouvé pour repousser les requins. Et face à un bouledogue, il vaut mieux miser sur 7 chances sur 10 que sur aucune. Le DREP n’est pas un gadget, martèle-t-il, mais une ligne de vie.
Quant aux accusations d’opacité, Willy Cail s’en amuse à peine. Gouvernance fermée ? Il énumère les réformes, les ajustements, les partenariats nouveaux. Immobilisme ? Les chiffres parlent, rétorque-t-il, et la réalité du terrain ne laisse pas de place au flou artistique. Pour lui, le Centre Sécurité Requin n’est ni sourd ni aveugle. Mais il avance à son rythme, celui d’un équilibre difficile entre sécurité, usage libre de la mer, pression politique et exigences budgétaires.
Alors non, la crise requin n’est pas réglée. Mais elle est gérée. Et c’est, pour Willy Cail, l’essentiel.
Patrice Clech

















