Opinion Outre-Mer
07H58 - samedi 5 juillet 2025

Chikungunya en Outremer et dans l’hexagone : le vaccin Ixchiq en cause dans la moitié des cas graves signalés

 
Chikungunya en Outremer et dans l’hexagone : le vaccin Ixchiq en cause dans la moitié des cas graves signalés

Chikungunya en Outremer et dans l’hexagone : le vaccin Ixchiq en cause dans la moitié des cas graves signalés

Le bilan est préoccupant. Sur 18 cas graves recensés après l’administration du vaccin contre le chikungunya Ixchiq, neuf présentent un lien avéré avec l’injection, selon les conclusions rendues publiques ce mercredi par l’Agence nationale de sécurité du médicament. Une alerte sanitaire qui place le vaccin au cœur d’une controverse croissante.

Depuis son introduction en France début mars, Ixchiq fait l’objet d’une surveillance renforcée. En moins de trois mois, 47 effets indésirables ont été signalés, dont près de 40 % classés comme graves. Ces derniers concernent essentiellement des personnes âgées, en moyenne âgées de 74 ans. La Réunion concentre à elle seule plus des trois quarts des signalements.

Parmi les 18 cas graves, trois décès ont été enregistrés chez des patients de plus de 65 ans souffrant d’autres pathologies. Pour l’un d’eux, l’ANSM estime que le lien avec le vaccin est « très vraisemblable ». Les deux autres cas restent à l’étude. Sur les autres dossiers graves, huit patients étaient rétablis ou en voie de l’être au moment de l’analyse, tandis que sept n’avaient toujours pas récupéré.

L’ANSM ne s’est pas contentée d’examiner les effets déjà connus. Son enquête révèle plusieurs signaux « nouveaux ou inhabituels » qui soulèvent des interrogations. Trois cas d’encéphalopathie ou d’encéphalite chez des patients âgés atteints de comorbidités ont été recensés. Sept chutes à distance de la vaccination, ainsi qu’un cas de microangiopathie thrombotique, ont également été signalés. Ces effets, encore rares, font l’objet d’investigations complémentaires au niveau européen.

Autre point noir : plusieurs patients immunodéprimés ont été vaccinés malgré la contre-indication formelle du laboratoire. Une erreur de prescription qualifiée de « mésusage » par l’ANSM, qui rappelle que ce vaccin vivant est strictement interdit aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, que ce soit par la maladie ou par un traitement.

Devant ces données, les autorités sanitaires n’ont pas tardé à réagir. Dès le 26 avril, une recommandation a été émise : ne plus administrer le vaccin aux personnes âgées de 65 ans et plus, indépendamment de leur état de santé. Une mesure de précaution dans un contexte où les risques commencent à supplanter les bénéfices.

Ce rappel à la vigilance survient alors que le chikungunya reste une menace bien réelle, notamment dans les territoires ultramarins. Mais l’outil vaccinal, censé être une solution préventive, pourrait bien devenir un objet de défiance si les signaux inquiétants s’accumulent. Pour l’heure, les investigations se poursuivent. Et les autorités sanitaires marchent sur une ligne de crête.

 

Patrice Clech

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