Edito
08H07 - vendredi 4 juillet 2025

Budget 2026 : plutôt que la hausse des impôts, et si on essayait le courage et l’efficacité ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Dans quelques jours, le gouvernement de François Bayrou devra présenter les points clés de son budget pour 2026. Un budget est toujours un moment de vérité, une confrontation avec le réel, avec la réalité de nos comptes publics. L’ère des illusions comptables est dépassée. L’époque des demi-mesures fiscales est révolue. Tout comme celle des « éléments de langage » sur la nécessaire maitrise des dépenses publiques alors que tous les jours notre déficit se creuse et notre dette explose !

Et pourtant, face à une dette publique dépassant les 3 000 milliards d’euros, et une croissance en berne, le risque est grand de retomber dans les vieux travers : taxer, surtaxer, colmater. Chassez le naturel il revient au galop…

Ce serait une erreur stratégique, politique et économique.

Non, la France ne pourra pas redresser ses comptes publics en augmentant une fois encore la pression fiscale. Parce que nous avons déjà tout essayé. Et parce que ce qui reste à faire, nous ne l’avons jamais vraiment tenté : le courage et l’efficacité.

 

Trop d’impôts, pas assez d’État

Avec un taux de prélèvements obligatoires frôlant les 45 % du PIB, la France est en tête de l’OCDE. Et pourtant, nous ne parvenons pas à financer correctement nos écoles, nos hôpitaux, notre recherche, notre armée, nos prisons, notre système judiciaire. Le mal n’est donc pas dans le manque de recettes, mais dans l’usage de la dépense publique.

Car que dire, sinon s’alarmer, lorsqu’on lit, par exemple, le dernier rapport de la Cour des Comptes sur France Travail ?

L’organisme, censé être le fer de lance du retour à l’emploi, est jugé peu performant, peu lisible, et peu réformé. L’ancienne usine à cases qu’était Pôle emploi n’a pas disparu. Elle a simplement changé de nom. Le rapport est clair : des taux d’accompagnement encore faibles, des outils numériques coûteux et redondants, et surtout une inefficacité persistante dans le placement des demandeurs d’emploi, notamment les moins qualifiés.

Le Gouvernement propose-t-il une réforme de fond de France Travail pour autant ? que nenni… Il met en place des mesures importantes sur l’employabilité des plus de 55 ans, et bravo pour cela, mais aucune réforme structurelle qui viserait à augmenter l’efficacité en baissant les coûts.

Dans n’importe quelle entreprise privée, une telle contre-performance aurait conduit à des décisions immédiates : audit, changement de direction, réallocation des ressources. Dans la sphère publique, on continue, imperturbable, à faire les mêmes choix en espérant des résultats différents.

Et pourtant, nous savons qu’il nous faire mieux avec moins, et nous pouvons nous transformer pour avoir moins d’Etat pour mieux d’Etat…

 

Éducation, santé : le gâchis silencieux

Prenons l’Éducation nationale. Premier budget de l’État avec plus de 60 milliards d’euros, mais des résultats scolaires qui chutent dans toutes les enquêtes internationales (PISA, TIMSS…). Non, le problème n’est pas budgétaire : le problème est de l’ordre de l’organisationdu pilotagede la responsabilité. L’école française est malade d’un excès de centralisme, d’une sous-utilisation de l’autonomie locale, et d’un manque cruel d’évaluation. Et ce n’est pas en accordant le Brevet et le Bac à tous ceux qui y sont inscrits que l’on résout notre problème, au contraire, on l’aggrave !

Même constat en santé. Les hôpitaux sont au bord de la rupture, les professionnels sont à bout, et les usagers le paient au quotidien. Mais là encore, les sommes mobilisées sont colossales : plus de 250 milliards pour la CNAM. Ce qui manque, ce n’est pas une rallonge, c’est une réforme. Une vraie. Pas un plan de communication. Pas un rapport de Mac Kinsey, Pas une énième mission flash. Une vraie réforme…

 

L’heure du choix

François Bayrou connaît l’État. Il sait sa complexité, mais il en connaît aussi les angles morts. Il ne s’agit plus de créer des taxes ni de bricoler des taxes temporaires sur les « profits exceptionnels ». Il faut faire des choix politiques assumés :

  • Prioriser ce qui fonctionne, couper ce qui échoue
  • Récompenser la performance dans la fonction publique
  • Libérer les énergies locales et casser la culture du sur-normatif

Et surtout, ne pas augmenter les impôts. Mieux : prévoir un choc de confiance par une baisse ciblée – sur la classe moyenne, sur l’immobilier, sur l’entrepreneuriat, sur la France qui travaille ou a travaillé, sur la France qui prend des risques. Il faut enfin redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne, et bien sûr augmenter la TVA (le taux de 20% devrait passer à 23%) en exonérant de CSG une partie des salaires et retraites.

Il faut qu’en France ceux qui travaillent comme ceux qui prennent des risques gagnent plus ! Non pas par idéologie, mais pour relancer l’investissement et la participation.

 

Et si le courage, c’était maintenant ?

Courage de réformer, même sous pression.
Courage de dire que l’argent public est rare.
Courage d’exiger des résultats dans l’administration comme dans toute organisation qui se veut responsable.

Le budget 2026 pourrait devenir le tournant que les Français attendent : un budget sans impôts supplémentaires, avec des priorités affirmées, et des indicateurs de résultats publics rendus transparents, avec un suivi de la performance et de l’efficacité. La solution budgétaire pourrait alors être un « en même temps » : en même temps des baisses d’impôts bien ciblées et des baisses des dépenses publiques…

Le courage politique, c’est aussi cela : faire ce que nous n’avons pas encore osé. Alors Osons…

 

 

Patrick PILCER

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

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