Mayotte s’est brutalement figée hier mardi 1er juillet. En cause : une panne électrique généralisée qui a paralysé tout le territoire, coupant net l’accès à l’eau, aux télécommunications, et désorganisant les services publics. À la mi-journée, les autorités tentaient de reprendre la main, mais la situation restait précaire dans de nombreuses zones.
À 12h30, seuls 65 % des abonnés d’Électricité de Mayotte avaient retrouvé le courant, selon la préfecture. Deux heures plus tard, EDM avançait un chiffre un peu plus rassurant : 70 % des clients réalimentés. Le Nord, le Sud et le Centre faisaient partie des secteurs où le redémarrage était amorcé, sans que l’origine exacte de la panne ait encore pu être identifiée. Pendant ce temps, les habitants restaient dans le flou, privés de leurs besoins les plus élémentaires.
Car cette coupure d’électricité massive n’a pas seulement plongé l’île dans l’obscurité. Elle a aussi mis à l’arrêt les stations de production et de distribution d’eau potable. Si certaines installations ont pu être relancées, la majorité du réseau restait hors service en milieu de journée, à l’exception des abonnés jugés prioritaires. À Cavani, certains habitants disaient ne plus avoir d’eau depuis trois jours. L’inquiétude montait d’heure en heure.
Les télécommunications ont elles aussi été frappées de plein fouet. Plusieurs opérateurs ont connu des interruptions, en particulier dans le Centre et l’Ouest de l’île. Only annonçait un retour partiel du service à Mamoudzou et Tsingoni. Orange et SFR, eux, tentaient toujours de relancer leurs antennes. Seul TDF semblait avoir rétabli la totalité de son réseau.
Malgré ce black-out généralisé, les structures de santé ont été épargnées. La préfecture a précisé que tous les établissements de soins étaient alimentés, et que l’ARS et le CHM restaient en alerte pour surveiller l’état des patients les plus vulnérables, notamment ceux sous assistance respiratoire à domicile. Une vigilance vitale, alors que la moindre panne prolongée pourrait avoir des conséquences dramatiques.
L’Éducation nationale, de son côté, a décidé d’évacuer plusieurs établissements scolaires mardi matin, en coordination avec les transporteurs et les forces de l’ordre. En fin de journée, des habitants de Sada et de plusieurs communes de l’Ouest signalaient encore l’absence totale d’électricité, de réseau et d’eau.
Depuis le passage du cyclone Chido en décembre dernier, jamais l’île n’avait connu une interruption aussi étendue et simultanée de ses infrastructures vitales. Cette nouvelle crise technique souligne une fois encore la fragilité structurelle du territoire face aux aléas, et l’extrême tension dans laquelle vivent ses habitants, souvent laissés seuls face à l’urgence.
Patrice Clech