
Face à l’urgence sociale et urbaine que traverse Mayotte, un décret publié le 30 juin 2025 vient d’acter la mise en œuvre d’une opération d’intérêt national (OIN) pour encadrer la reconstruction et l’aménagement de plusieurs pôles urbains prioritaires. Une réponse directe aux dégâts causés par le cyclone Chido en décembre 2024, mais aussi à la nécessité de traiter durablement l’habitat informel.
Désormais ajoutée à la liste des OIN mentionnées à l’article R. 102-3 du code de l’urbanisme, cette mesure confère à l’État une maîtrise renforcée des outils de planification et d’aménagement sur le territoire mahorais.
Toutefois, dans un souci de souplesse, le texte prévoit qu’un arrêté du ministre chargé de l’urbanisme pourra désigner certains secteurs où les communes conserveront temporairement la compétence pour délivrer les permis de construire ou de démolir. Ce compromis vise à maintenir une part de pilotage local, tout en engageant la transformation urbaine de manière coordonnée.
Autre disposition importante : la création, sur les périmètres de l’OIN, d’une zone d’aménagement différé. Elle permet à l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM), récemment transformé par une ordonnance du 23 mai 2025, d’exercer un droit de préemption pendant dix ans. Objectif : préserver les possibilités de développement futur et sécuriser le foncier indispensable aux projets d’aménagement à venir.
Avec ce nouveau cadre réglementaire, l’État entend donner un coup d’accélérateur à la restructuration urbaine de l’île, en garantissant une action cohérente et pérenne sur le long terme.
Patrice Clech