Le différend territorial entre Madagascar et la France sur les îles Éparses reste entier. Lundi 30 juin, à Paris, la deuxième réunion de la commission mixte franco-malgache s’est achevée sans avancée significative. Les deux parties ont reconnu l’impasse persistante, près de six ans après la première rencontre officielle tenue à Antananarivo en 2019.
La délégation malgache, conduite par la ministre des Affaires étrangères Rafaravavitafika Rasata, a réitéré la demande de restitution de l’archipel situé dans le canal du Mozambique, mais a également formulé une nouvelle exigence : une indemnisation pour les « pertes économiques et dommages » subis par Madagascar pendant la période où elle n’a, selon ses dires, jamais renoncé à sa souveraineté sur ces îles.
Sans donner de détail sur le montant ni la méthode d’évaluation de ces compensations, les autorités malgaches ont également réclamé la fin de toute décision unilatérale de la part de Paris sur ces territoires disputés. En ligne de mire : la transformation en parc naturel national de l’île de Grande Glorieuse en 2021, très mal perçue à Antananarivo, notamment après la visite d’Emmanuel Macron en 2019 pour y réaffirmer la souveraineté française.
La Grande Île entend aussi obtenir un droit de pêche pour ses ressortissants autour des îles, ainsi qu’un accès aux données scientifiques collectées sur ces territoires, et une participation active de ses chercheurs aux programmes de recherche menés sur place.
Tout en se disant prête à envisager un cadre de coopération bilatéral, Madagascar pose comme préalable la reconnaissance de sa souveraineté, invoquant les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies de 1979 et 1980. Ces textes appelaient la France à engager sans délai des négociations en vue de la réintégration des îles Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India, alors administrées par Paris de manière unilatérale.
Au lendemain de la réunion, le ministère français des Affaires étrangères ne s’est toujours pas exprimé. Un prochain round est prévu à Antananarivo, mais sans calendrier défini. Le statu quo demeure, avec en toile de fond un différend qui conjugue enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux.
Patrice Clech