Le verdict en appel de Boualem Sansal, est donc tombé ce mardi 2 juillet : 5 ans de prison ferme. Cette condamnation est une véritable condamnation à mort pour un homme âgé et malade.
L’écrivain franco-algérien, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer de la prostate, avait déjà été condamné à cinq ans de prison en première instance en mars dernier, pour avoir exprimé dans une interview des opinions jugées subversives par le régime algérien. Le parquet avait requis dix ans en appel.
Alors que la date du 5 juillet, fête nationale de l’Algérie, pourrait offrir une opportunité pour une grâce présidentielle – un geste humanitaire que la France appelle de ses vœux –, il est plus que jamais nécessaire de redoubler de mobilisation. Boualem Sansal ne doit pas être un pion diplomatique sacrifié sur l’autel des tensions entre les deux rives de la Méditerranée.
Car au-delà de son cas personnel, c’est la liberté d’expression qui est en jeu, celle des écrivains, des intellectuels, des historiens. Boualem Sansal est l’un des auteurs francophones les plus lus, traduits et étudiés dans le monde. Certains plaident pour son entrée à l’Académie française. Nous irons plus loin : Sansal est un homme de paix, un témoin du siècle, un écrivain courageux. Il mérite un Prix Nobel, de la paix ou de littérature. C’est une cause juste, digne, universelle.
L’acharnement contre lui révèle aussi l’impasse politique dans laquelle s’est enfermé le régime algérien, transformant une contestation pacifique, celle du Hirak, en répression judiciaire. Et la récente condamnation à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes, arrêté en Kabylie, vient noircir un peu plus le tableau. La coopération franco-algérienne est au point mort, les diplomates sont rappelés, les visas restreints, les appels à la libération restés lettre morte.
En France, la mobilisation reste vive, avec une résolution de l’Assemblée nationale et une campagne active du comité de soutien mis en place par Arnaud Benedetti. Le maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France vient également d’appeler les 36.000 maires à parrainer l’écrivain.
La détention de Boualem Sansal ne peut plus durer : nul ne peut être condamné pour une opinion, surtout dans une République qui se dit fondée sur le droit.
Il reste, peut-être, une « petite chance », selon les mots de Yasmina Khadra, qui a plaidé en sa faveur. Cette chance doit être saisie. Et si l’Algérie veut se réconcilier avec son histoire, avec ses intellectuels, avec sa diaspora, alors elle doit commencer par libérer Boualem Sansal.
Monsieur le président Tebboune, grâciez Boualem Sansal !